Les Rats de Montsouris by Malet Léo

Les Rats de Montsouris by Malet Léo

Auteur:Malet, Léo [Malet, Léo]
La langue: fra
Format: epub, mobi
Tags: Policier
Éditeur: 10-18 Grands détectives
Publié: 1954-12-31T23:00:00+00:00


CHAPITRE XII

LE TEMPS À L’ORAGE

L’ANCIEN magistrat me reçut dans le bureau où avait eu lieu notre première entrevue. La jolie rouquinette aux yeux brun doré était avec lui. Elle portait une jupe différente de celle de l’autre jour, mais le même tricot de jersey blanc qui lui moulait si coquinement la poitrine. Elle était mignonne à croquer et, de les voir à côté l’un de l’autre, comme ça, lui et elle, j’en éprouvais une sorte de malaise, comme un sentiment de frustration. Voilà ce que c’était, que de fréquenter des psychiatres !

« Ah ! monsieur Nestor Burma ! fit Gaudebert, en quittant son siège. Je crois que vous avez déjà rencontré ma femme, mais je n’ai pas procédé officiellement aux présentations. Henriette, voici M. Nestor Burma. »

Henriette, puisque Henriette il y avait, m’adressa son plus gracieux sourire. Nous échangeâmes les politesses habituelles et je regardai sa main à la dérobée. Peut-être l’alliance lui tenait-elle trop chaud au doigt. Elle n’en portait pas. « Bien », poursuivit Gaudebert. Il se rassit à son burlingue. Henriette resta debout à côté de lui.

« Bien. Alors, où en êtes-vous ?… »

Des gouttes de sueur perlaient à son vaste front dégarni. Son regard, sous lequel il avait courbé, avant de la réclamer et l’obtenir, la tête des accusés, reflétait une vague inquiétude :

« Vous pouvez parler devant ma femme, ajouta-t-il, voyant que j’hésitais à l’ouvrir. Elle est au courant.

— Rien de nouveau, annonçai-je. Sauf qu’on commence à me reluquer de travers, au bureau de poste de l’avenue d’Orléans. Aujourd’hui pas plus qu’hier, le nommé Ferrand ne s’est présenté au guichet de la poste restante. »

Il fronça les sourcils. Le rictus qui lui tordait la commissure s’accentua. Il parut écouter attentivement le bruit sourd du tonnerre au-dessus de l’Hay-les-Roses.

« Je n’aime pas ça, articula-t-il enfin. C’est anormal. »

C’était très normal, au contraire, mais je n’allais pas le lui dire. Je souris :

« Pas de nouvelles, bonnes nouvelles. »

Il me laissa sourire tout seul :

« Je ne suis pas de cet avis. J’estime anormal que cet homme ne se manifeste pas. À quoi correspond cet ultimatum, alors, s’il n’y donne aucune suite ? Je ressens comme une appréhension… »

Je haussai les épaules :

« C’est un repris de justice, m’avez-vous dit. J’ai déjà suggéré que, pour une raison ou une autre, il était tombé aux mains de la loi. Encore une fois, je puis vérifier auprès des policiers que je connais, si vous le désirez. »

Il ne parut pas entendre ce que je disais.

« Je me demande, reprit-il, si cet homme n’est pas en train de préparer… je ne sais quoi… quelque chose qu’il me serait impossible de parer. Ce n’est pas normal, je le répète, qu’un maître chanteur néglige le rendez-vous qu’il assigne à sa victime… » Il était troublé au point de m’oublier, et de s’oublier lui-même. Sa main droite glissa le long du bureau et se posa sur la hanche de sa femme, en une Caresse machinale. La jeune femme frissonna et pinça les lèvres, en un sursaut de pudeur ou d’autre chose.



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