Les morsures du passé by GARDNER Lisa

Les morsures du passé by GARDNER Lisa

Auteur:GARDNER Lisa [GARDNER Lisa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: thriller
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2012-09-02T22:00:00+00:00


Les policiers sont arrivés à l’UPEC peu après une heure et demie du matin. Ils ont sonné à la porte – une, deux, trois fois. Ils pouvaient nous voir. Nous pouvions les voir. Et il fallait qu’ils attendent.

C’était le cirque dans le service. Jorge, qui dormait habituellement dans la même chambre que Benny, s’était réveillé très agité peu après minuit et demi. Ed l’avait pris à part pour lui lire un livre. Jorge avait tenu jusqu’au milieu de l’histoire avant de lui arracher le livre des mains et de le balancer dans le couloir, où il avait frappé Aimee à la tête. Celle-ci s’était réveillée en hurlant et, depuis ce moment-là, les autres enfants partaient dans tous les sens.

Pour l’heure, Aimee était recroquevillée sous une table en position fœtale, Jimmy et Benny faisaient la course autour des chaises et Sampson, neuf ans, posté devant la porte de la cuisine, réclamait à manger d’une voix stridente.

J’avais reçu le feu vert d’un interne juste à temps pour pourchasser la petite Becca, cinq ans, dans le couloir. Elle avait réussi à mettre la main sur un plateau de jeu replié avec lequel elle frappait quiconque avait le malheur de croiser son chemin. Greg essayait de décrocher Jorge de Ed, pendant que Cecille faisait barrage devant la chambre de Lucy parce que nous ne pouvions en aucun cas nous permettre que Lucy vienne compliquer la donne.

À mon troisième passage près de la réception, j’ai réussi à appuyer sur la commande électrique pour ouvrir aux policiers. J’ai repris le plateau de jeu à Becca à peu près au moment où ces derniers entraient dans le service. La blonde aux cheveux bouclés menait la charge, trois agents en costume sombre déployés en éventail derrière elle.

« J’ai un mandat », a commencé la responsable d’enquête.

Un livre a volé dans le couloir. Il faut reconnaître ça aux policiers de Boston : ils ont une bonne technique d’esquive.

« Mais qu’est-ce que…, a marmonné le commandant en réalisant enfin ce qui se passait.

– Je ne sais pas ce que vous voulez, mais ça va devoir attendre, les ai-je sèchement informés. Restez dos au mur. Ne touchez à rien. Oh, et faites attention : je crois que Jorge vient de s’échapper. »

De fait, le petit garçon au physique nerveux fonçait droit vers nous dans le couloir, tirant sur ses bras fins, ses yeux bleus exorbités. On aurait dit qu’il fuyait toutes les mauvaises choses qui lui étaient arrivées. Je connaissais cette sensation.

Je l’ai attrapé par la taille au passage et j’ai transformé son élan en une petite pirouette gracieuse que je pratiquais au moins une fois par semaine. « Alors, mon pote, y a le feu ? lui ai-je demandé comme si nous faisions ce genre de choses toutes les nuits à une heure du matin.

– Méchant monsieur, méchant monsieur, méchant monsieur ! hurlait-il.

– Tu as fait un cauchemar, chiquito ? Un truc pas banal, on dirait. Pourquoi tu ne viendrais pas avec moi, que je voie ce que je peux faire pour chasser tous ces méchants messieurs.



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