Le cordonnier by Nocmyst

Le cordonnier by Nocmyst

Auteur:Nocmyst [Nocmyst]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique
Éditeur: Éditions Octoquill
Publié: 2023-01-28T23:00:00+00:00


Lananette

Deux mois étaient passés depuis le premier entraînement. Il nous restait peu de temps avant le grand jour.

Plus l’on se rencontrait, plus je le détestais et plus je le trouvais pathétique. Sa physionomie changeait d'une seconde à l'autre, me déroutant à chaque fois. Il m'épuisait. J'avais envie de tout arrêter, mais mon professeur me poussait à aller jusqu'à la fin.

— Une aubaine, mademoiselle Ondégris ! disait-il.

Je commençai sérieusement à en douter. Par quel miracle tolérais-je qu'on me parle comme à une idiote ? Si ma mère n’était pas dans chacune de mes pensées, je serais déjà partie, abandonnant Séverin à ses caprices.

Le rouquin s'agita, puis soupira.

Encore.

Cela faisait deux bonnes semaines que je lui trouvai un drôle d’air, comme s’il était loin de moi, dans un lieu où lui seul avait accès. L’atmosphère entre nous restait lourde lorsqu’on ne dansait pas : Séverin gardait ses distances. Moi, je ne cherchais pas la conversation, un peu intimidée par le sérieux de mon partenaire et terrifiée par ses colères subites. Il dictait, je suivais.

Je m’étais rarement sentie aussi nerveuse auprès de quelqu’un. Séverin empestait la froideur.

En position, je suivis de nouveau les mouvements, qui avaient encore changé. Tentant d’être à la hauteur, je les intégrai tous. Je n’avais d’yeux que pour Séverin et sa danse « tentatrice », pour reprendre les mots de Mary-Lou. Ma chère amie n’avait pas tort ; les mouvements de Séverin me donnaient toujours plus envie de le suivre, jusqu’à ce moment…

Jusqu’à ce que je ne puisse plus contrôler mes jambes.

Toujours vers la fin de l’entraînement et cela depuis un bon mois. J'avais d'abord pensé à la fatigue, puis au surmenage. Mais depuis peu, nous avions espacé nos rencontres. Nous ne nous retrouvions que quatre fois dans la semaine, à la fin des cours, et pour seulement deux heures. J’avais toujours un couvre-feu à respecter.

Aujourd’hui, quelque chose était différent. Un froid violent me traversa et la sensation d’être habitée envahit mon esprit. Il me semblait qu’une personne se glissait en moi, comme si j’étais une simple tenue. Je ne comprenais pas ce qu’il m’arrivait et me sentis mal à l’aise, plus que d'habitude en tout cas... Le sentiment d'être sans cesse épiée se transforma en angoisse. Que se passait-il ?

J’eus soudain chaud. De la sueur coula sur mes tempes, et glissa sur ma peau. Une chaleur désagréable enveloppa mon buste et mon crâne et des piques brûlantes s’attaquèrent à moi. Qu’avais-je ? Comment venir à bout de ce malaise ? J’en avais assez de le ressentir.

Je clignai des paupières et visualisai mon reflet dans le miroir.

Comme je suis blanche !

Je n’arrêtai pas de danser, bien que je me sente prête à tomber à terre d’un moment à l’autre. J’avais l’impression de ne plus vraiment être maître de moi-même.

Encore...

Le regard fixé sur mon corps et mes gestes, j’oubliai Séverin et posai mes yeux sur une ombre derrière moi… Un frisson me parcourut.

Mon ombre ? Non... c'est autre chose.

Lorsque mes mouvements s’étirèrent, un être fait de ténèbres se dévoila. Un flottement s’amorça au creux de mon estomac, puis je perdis complètement le contrôle.



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