Les fils de la poussière by Indridason Arnaldur

Les fils de la poussière by Indridason Arnaldur

Auteur:Indridason, Arnaldur [Indridason, Arnaldur]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller
Éditeur: Anne-Marie Métailié
Publié: 2018-10-05T04:00:00+00:00


24

On ramena Sigmar à la salle d’interrogatoire en fin d’après-midi. Pendant un long moment, il s’obstina à garder le silence en dépit des sollicitations d’Erlendur et de Sigurdur Oli, puis céda à son besoin d’évoquer son enfance et ses camarades de classe. Il leur raconta la journée où Kiddi Corbeau avait perdu un œil. Beaucoup plus calme que dans la matinée, il brossa le portrait du quartier de son enfance, de ses amis et d’une époque révolue qu’il regrettait, l’époque d’avant la catastrophe.

– C’était l’année où ils nous ont distribué ce poison. Danni et les autres m’avaient demandé de les accompagner. Palmi était avec eux. Son grand frère s’occupait de lui l’après-midi et il l’emmenait partout où il allait dans une vieille poussette. Il était avec Kiddi Corbeau, Aggi et Skari Sucre d’Orge. Et il y avait aussi Gisli. Aggi avait les dents très en avant, il avait une tête rigolote et faisait toujours le pitre. Oskar était son meilleur copain, je n’ai jamais su pourquoi on le surnommait Skari Sucre d’Orge. Il était originaire de la campagne. Je les ai rejoints et on a commencé à traîner dans le quartier sans brut précis, mais en prévoyant plus ou moins vaguement d’aller dans la cave de la maison paroissiale. C’était notre endroit secret, notre repaire. D’ailleurs, on l’appelait toujours comme ça : le Repaire. On gardait nos butins là-bas. Parfois, on allait chaparder dans les magasins. Un jour, avec Kiddi Corbeau et Skari, on a même piqué le sac à main d’une petite vieille et on y a trouvé deux cents couronnes. On devait être à la hauteur de notre réputation de cancres et sales mômes.

Cette cave était récente, les extrémités rouillées des structures d’acier qui avaient servi à sa construction affleuraient à la surface du ciment. Le sol n’était pas plat, il y faisait froid, mais on s’en fichait éperdument parce qu’on s’y sentait bien. On l’éclairait avec des bougies qui nous apportaient aussi un peu de chaleur. On installait Palmi au pied d’un mur, emmitouflé dans sa gigoteuse, et on discutait entre copains.

Sigmar marqua une pause.

– Le quartier est complètement mort aujourd’hui par rapport à l’époque. Ça m’arrive de m’y balader et je ne croise jamais aucun gamin. Avant il grouillait de vie, il y avait des dizaines de mômes dans les rues et, dans mon souvenir, j’ai l’impression qu’ils étaient des centaines.

Sigmar continua à leur parler des jeux de ses camarades et des batailles sanglantes qui se prolongeaient parfois jusqu’au milieu de la nuit. Il leur parla des rivalités entre les différentes bandes du quartier en disant que les gamins des logements sociaux de la rue Grenivegur étaient les plus sauvages de tous : ceux des autres rues en avaient peur et évitaient de les provoquer. On se battait parfois pour avoir le monopole d’un terrain de jeu, d’un terrain de foot ou d’une pente qui nous servait de piste de luge. Tous les coups étaient permis et les armes, fabriquées avec des déchets trouvés sur les chantiers, étaient parfois très dangereuses.



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