Les derniers seigneurs de la pègre by Roger Le Taillanter

Auteur:Roger Le Taillanter [Taillanter, Roger Le]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: France Loisirs

TROISIÈME PARTIE

LE DÉCLIN

CHAPITRE XVIII

LA GUERRE CONTINUE

1975-1976

Qui a tué Rywen Liwer le 28 mars 1975 et pourquoi ? C’est un dossier criminel de plus qui s’ajoute, sans solution, à la longue liste des morts de l’entourage des Z.

Ennemi ou ami ? Pour autant que l’on sache, il était plutôt dans le groupe des relations utiles et amicales des Zemour et il figurait déjà parmi les fidèles de L’Assiette Carrée dès 1967. Mais le guet-apens du Thélème est encore tout récent et la lumière, même dans le Milieu, n’est pas encore faite. Alors on peut imaginer que ceux qui restent aux côtés des survivants du clan ont pu « ratisser large » pour sanctionner le traître, d’où les rumeurs qui, au début de l’enquête, attribuent à leur justice distributive le meurtre de « M. Robert », dit encore Robert Livert.

Il a déjeuné au Brazza, rue de la Faisanderie, à quelques pas de son domicile, dans la même rue, en compagnie de son fils Michel et d’un ami ferrailleur, André Barquet. Michel Liwer a quitté les deux hommes vers 15 h 45. De son côté, Barquet est parti du Brazza vers 16 h 15.

Resté seul, M. Robert s’est encore attardé une demi-heure environ puis, ayant passé son ample manteau raglan en tweed sur son costume gris à chevrons, il est parti à son tour et a gagné la rue de Montevideo, parallèle à la rue de la Faisanderie et où, devant l’ambassade de Mauritanie, est garée sa voiture, une CX Citroën 2200.

Il en a déjà ouvert la portière côté conducteur et est en train de prendre place à l’intérieur lorsque le tueur surgit, descendu d’un break Peugeot 304 de couleur marron. Il a vingt-cinq ans environ. Il est grand et mince, porte mi-longs ses cheveux châtain foncé et est vêtu d’un manteau bleu marine. Son teint est celui d’un homme du Sud.

C’est à bout portant qu’il loge six balles de son revolver 9 mm dans la tête de M. Robert qui s’effondre sur les sièges avant de son automobile, tué sur le coup.

Le tireur n’a que quelques mètres à faire pour remonter dans sa voiture, où se trouvent déjà deux hommes. Elle est au milieu de la rue, prête à la fuite. Elle disparaît aussitôt.

Quelques témoins ont vaguement vu la scène. Cela permettra d’identifier la voiture des meurtriers. Elle a été louée à la Société Neubauer grâce à un faux permis au nom d’Azoulay. Fait étrange, l’auto sera retrouvée dans la rue de Presbourg, à l’angle de la rue Victor-Hugo, là même où se trouve le bar-club L’Aventure où Gilbert Zemour a ses intérêts. Imprudence des tueurs ou provocation ? Je pencherais volontiers pour la seconde hypothèse. Il fallait bien que les « amis » du mort comprennent d’où venait le coup, car les affaires de M. Robert sont suffisamment « tordues » pour lui faire des ennemis divers.

Apatride d’origine polonaise, Liwer est en France depuis 1925. Il a épousé une Française qui lui a donné quatre enfants. Depuis qu’il en a l’âge,

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