Les contes libertins by Jean de La Fontaine

Les contes libertins by Jean de La Fontaine

Auteur:Jean de La Fontaine [Fontaine, Jean de La]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2010-11-06T17:00:00+00:00


Un apprenti marchand était, qu 'avec droit Nicaise on nommait; Garçon très neuf, hors sa boutique, Et quelque peu d'arithmétique; Garçon novice dans les tours qui se pratiquent en amours. Bons bourgeois du temps de nos pères S'avisaient tard d'être bons frères. Ils n'apprenaient cette leçon qu'ayant de la barbe au menton. Ceux d'aujourd'hui, sans qu'on les flatte, Ont soin de s'y rendre savants Aussitôt que les autres gens. Le jouvenceau de vieille date, Possible un peu moins avancé Par les degrés n'avait passé. quoi qu'il en soit le pauvre sire En très beau chemin demeura, Se trouvant court par celui-là C'est par l'esprit que je veux dire. Une belle pourtant l'aima: C'était la fille de son maître Fille aimable autant qu'on peut l'être, Et ne tournant autour du pot Soit par humeur franche et sincère; Soit qu'il f˚t force d'ainsi faire, Etant tombée aux mains d'un sot. quelqu'un de trop de hardiesse Ira la taxer, et moi non: Tels procédés ont leur raison. Lorsque l'on aime une déesse, Elle fait ces avances-là: Notre belle savait cela. Son esprit, ses traits, sa richesse, Engageaient beaucoup de jeunesse A sa recherche: heureux serait Celui d'entre eux qui cueillerait En nom d'hymen certaine chose, qu'a meilleur titre elle promit Au Jouvenceau ci-dessus dit.

Certain dieu parfois en dispose, Amour nomme communément. Il pl˚t à la belle d'élire Pour ce point l'apprenti marchand. Bien est vrai (car il faut tout dire) qu'il était très bien fait de corps Beau, jeune, et frais; ce sont trésors que ne méprise aucune dame Tant soit son esprit précieux. Pour une qu'Amour prend par l'‚me Il en prend mille par les yeux. Celle-ci donc des plus galantes, Par mille choses engageantes T

‚chait d'encourager le gars, N'était chiche de ses regards Le pinçait, lui venait sourire, Sur les yeux lui mettait la main Sur le pied lui marchait enfin. A ce langage il ne sut dire Autre chose que des soupirs, Interprètes de ses désirs. Tant fut, à ce que dit l'histoire, De part et d'autre soupiré, que leur feu d˚ment déclaré, Les jeunes gens, comme on peut croire, Ne s'épargnèrent ni serments, Ni d'autres points bien plus charmants; Comme baisers à grosse usure; Le tout sans compte et sans mesure. Calculateur que fut l'amant, Brouiller fallait incessamment: La chose était tant infinie qu'il y faisait toujours abus: Somme toute, il n'y manquait plus qu'une seule cérémonie. Bon fait aux filles l'épargner.

Ce ne fut pas sans témoigner Bien du regret, bien de l'envie Par vous, disait la belle amie, Je me la veux faire enseigner, O˘ ne la savoir de ma vie. Je la saurai, je vous promets; Tenez-vous certain désormais De m'avoir pour votre apprentie. Je ne puis pour vous que ce point. Je suis franche; n'attendez point que par un langage ordinaire Je vous promette de me faire Religieuse, à moins qu'un jour L'hymen ne suive notre amour.

Cet hymen serait bien mon compte N'en doutez point; mais le moyen ? Vous m'aimez trop pour vouloir rien qui me p˚t causer de la honte Tels et tels m'ont fait demander.



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