Les années noires by David et Leigh Eddings

Auteur:David et Leigh Eddings [Eddings, David et Leigh]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 2011-07-01T22:03:43+00:00

CHAPITRE XVI

Nous arrivâmes en vue de la Morindie quelques jours plus tard. Le soleil montait un peu plus haut dans le ciel, y restant un peu plus longtemps chaque jour, et le froid semblait moins âpre. Le printemps arrivait dans le Grand Nord.

Plutôt que de repartir comme nous étions venus, en traversant le territoire arctique des Morindiens, nous décidâmes de prendre plutôt par le Sud. Nous n’avions plus rien à craindre, maintenant, et nous avions tous hâte de retrouver un climat plus chaud. Nous suivîmes la côte jusqu’à ce qui est aujourd’hui le Gar og Nadrak, et qui était à l’époque l’Alorie de l’Est. Cherek était roi de cette contrée mais, en dehors des cerfs, il n’avait pas beaucoup de sujets dans cette partie du royaume. Les Aloriens de la région étaient tous adeptes du culte de l’Ours, et nous préférions les éviter. Les adorateurs de l’Ours voulaient mettre la main sur l’Orbe depuis la fondation de leur ordre, et aucun de nous n’avait envie de se bagarrer.

Une fois sortis du Grand Nord, nous tournâmes vers l’ouest et traversâmes la vaste forêt, puis les montagnes, et nous arrivâmes aux landes de Drasnie. De là, nous descendîmes vers le sud-ouest, nous longeâmes le lac d’Atun et par un beau matin de printemps nous atteignîmes enfin les rives de l’Aldur.

Quelqu’un nous attendait là-bas.

Un vieillard dans une carriole déglinguée.

— Eh bien, mon garçon, me dit-il, tu vas toujours vers l’ouest, à ce que je vois.

— On dirait que ça devient une habitude, en effet, répondis-je d’un ton aussi léger que possible.

— Vous vous connaissez ? s’étonna Cherek.

— Nous nous sommes rencontrés une ou deux fois, répondis-je.

Je supposai que si mon Maître avait choisi l’anonymat, c’était pour de bonnes raisons, et qu’il ne m’appartenait pas de trahir son identité.

— Vous avez mangé quelque chose, ce matin ? demanda le vieillard.

— Moui, enfin, mangé…, répondit Dras. Je ne considère pas quelques bouchées de bœuf séché comme un petit déjeuner digne de ce nom.

— Mon campement est à une demi-lieue à peu près en aval, annonça le vieil homme. J’ai un bœuf qui a rôti tout la nuit. Si ça vous dit, vous êtes les bienvenus. Et si vous avez soif, j’ai mis un tonnelet de bonne bière à rafraîchir dans la rivière.

Ces derniers mots emportèrent l’adhésion générale. Je montai dans la voiture, à côté du vieil homme. Les Aloriens nous suivirent comme une portée de chiots insouciants.

— Nous allons donner à manger à tes amis, murmura le vieillard, puis nous aurons une petite conversation, tous les deux.

— Tout ce que vous voudrez, répondis-je.

Cherek et ses gars se jetèrent sur le bœuf rôti comme une meute de loups affamés et plongèrent dans le tonneau de bière tel un banc de poissons. Au bout d’une heure de ces ripailles, ils étaient mûrs pour une petite sieste. Nous en profitâmes pour descendre tranquillement, le vieil homme et moi, vers le fleuve, et nous restâmes plantés là à regarder couler l’eau brune, chargée de boue, qui arrivait en haut des berges.

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