Les amants du ciel by David Perroud

Auteur:David Perroud [Perroud, David]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Romance
ISBN: 9782889058129
Éditeur: Jouvence
Publié: 2020-01-13T23:00:00+00:00

16.

Ariel ressent une secousse parcourir tout son corps. Ce n’est pas un petit tremblement, elle a l’impression de se trouver dans une essoreuse. Elle est ballottée d’avant en arrière, de gauche à droite, de haut en bas, avec le sentiment que son corps ne tiendra pas ; qu’il va se disloquer ! Même si elle sait parfaitement à quoi s’attendre, que l’événement qu’elle a tant espéré arrive enfin, elle est pétrifiée de peur, une peur profonde, la peur de mourir. Ne pas paniquer, attendre que ça passe, se répète-t-elle comme un mantra. Mais ça ne passe pas, cela dure même une éternité. Combien de temps son corps va-t-il résister à pareils tiraillements ? Le doute l’assaille. Ai-je fait une erreur de calcul ou de réglage ? Ne devrais-je pas arrêter cette expérience insensée avant qu’elle ne tourne vraiment mal ? Pourtant, au fond d’elle-même quelque chose la rassure, l’encourage à continuer. Les vibrations s’accentuent encore, la sensation de passer de vie à trépas ne pourrait être plus réelle. Mon Dieu, je suis vraiment en train de mourir.

« Accepte ce qui t’arrive, ne résiste surtout pas. »

Avant qu’elle puisse questionner la provenance de cette voix rassurante, elle sent qu’elle s’élève pour se retrouver au-dessus de son corps physique qui dort paisiblement, allongé dans B-leave II. Elle est étonnée de ne pas le voir trembler alors qu’elle continue d’être ballottée en tous sens, bien que moins intensément à mesure qu’elle prend de la hauteur. Arrivée au plafond de la capsule, elle tente de passer au travers, elle transperce la matière sans encombre si ce n’est une légère résistance. Une bonne dizaine de mètres plus haut, son élévation s’arrête. Les vibrations aussi, enfin !

Elle flotte au-dessus du campus universitaire. Je suis sortie, je suis hors de mon corps physique, se dit-elle, joyeuse, surtout ne t’excite pas ma grande, une grosse dose d’émotion et c’est le retour prématuré18. Elle prend donc son temps, regarde autour d’elle. Il fait nuit en Californie, mais une lumière diffuse, sans source identifiée, lui permet de voir les alentours. Elle observe l’IONS de haut, les bâtiments semblent être fidèles à la réalité.

« Va voir le coucher du soleil. »

La même voix qui l’a rassurée plus tôt lui prodigue ce conseil. Très lucide, Ariel n’hésite pas un instant à le suivre. Il doit être environ 4 heures du matin ici, il faut donc que je parte en Asie, plein ouest. Elle sait, grâce aux nombreux témoignages qu’elle a récoltés, qu’en sortie hors du corps, le plus important est d’émettre la bonne intention. Elle pense avec une concentration extrême : Je traverse l’océan Pacifique et je vais voir un coucher de soleil exceptionnel.

Le temps d’un claquement de doigts et elle se retrouve face à la boule rouge du couchant teintant des centaines d’édifices en briques ocre répartis dans une végétation tropicale à perte de vue. Des myriades de stûpas en feu, comme autant de torches plantées dans un jardin luxuriant. De grandeurs et de formes différentes, ils rougeoient à l’unisson, flammèches

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