Le seigneur des collines III: L'héritier des collines (French Edition) by Geovane Vaudrey

Le seigneur des collines III: L'héritier des collines (French Edition) by Geovane Vaudrey

Auteur:Geovane Vaudrey [Vaudrey, Geovane]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2023-12-14T23:00:00+00:00


Benjamin

Le prince de Viribus avait peu dormi depuis le départ de sa femme, il y avait près d’une semaine. Il n’aurait peut-être pas dû la laisser seule sur les routes. Même s’il avait toute confiance en ses gardes.

Oscar s’invita dans son bureau où il peinait à travailler ce matin, après avoir frappé à la porte. Le majordome s’approcha et montra du doigt une chaise.

— Puis-je ?

Benjamin lui lança un regard surpris.

— Je vous en prie, mon vieux. Tout va bien ?

Le domestique s’épongea le front.

— Oui, juste un peu de fatigue.

Le prince lui remplit un verre et le lui tendit.

— Je ne voudrais pas abuser, Monsieur.

— Vous n’abusez point.

Oscar, qui ne crachait jamais sur un bon cru, en descendit une gorgée, la mine ravie.

— Je voulais parler à Monsieur du prince aîné de Viribus.

— Je vais avoir besoin d’un verre moi aussi, grommela-t-il.

Le majordome n’attendit pas son autorisation pour continuer.

— J’avais tout juste dix ans lorsque votre père est né.

Benjamin allait protester, mais le serviteur qui ne s’opposait jamais à lui habituellement leva la main pour s’imposer.

— Je sais ce que vous allez me dire, mais je voudrais porter des faits à votre connaissance qui, à mon avis, ont leur importance. J’avais entendu par les autres domestiques que Catherine de Viribus avait pleuré toutes les larmes de son corps lorsqu’elle avait appris qu’elle attendait encore un enfant. Madame était souvent morose, mais l’arrivée de ce troisième né a été le coup de grâce. Elle ne lui a jamais jeté un regard, n’a jamais eu un geste tendre à son égard. Agénor était un père très dur. Le peu d’amour que cet enfant a reçu lui est venu de ma mère, sa gouvernante. Mais elle est morte lorsqu’Alessio avait huit ans. Après cela, votre père s’est conduit comme tous les autres, avec intérêt et sans respect pour quiconque. Peut-être que s’il avait eu Léandra d’Et Castitate et Gabriel de Caritas Sparo comme parents, un précepteur qui l’aurait regardé avec la même fierté que manifeste l’homme qui vous a élevé, sans doute aurait-il été meilleur lui aussi. C’est votre grand-père qui l’a poussé à quitter votre mère.

— Il ne s’y est pas opposé, que je sache.

— Évidemment, pour une fois que son père voyait autre chose en lui que le dernier de ses enfants. Il devenait l’héritier, lui qui avait toujours attendu qu’on lui accorde un peu d’importance. Il savait qu’il mettait votre mère dans une mauvaise posture, mais il ignorait qu’elle était enceinte.

Benjamin comprenait tout ce que son domestique était en train de lui expliquer, mais il ne pouvait pas s’empêcher d’éprouver un profond ressentiment pour Alessio.

— Comme si cela aurait changé quelque chose !

— Sans doute pas, vous avez raison. Je ne suis qu’un vieil homme qui radote, je ne voulais pas vous ennuyer avec mes souvenirs.

Le majordome se leva après avoir fini son verre et quitta la pièce sans que Benjamin le retienne. Le prince mûrit ces propos jusqu’au coucher du soleil. Il était perdu, il avait besoin de parler à quelqu’un de confiance.



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