Le Naufrage du Titan C by Philippe Aurèle Leroux & Sébastien Louis

Auteur:Philippe Aurèle Leroux & Sébastien Louis [Leroux, Philippe Aurèle & Louis, Sébastien]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Marathon Editions
Publié: 2022-05-04T22:00:00+00:00

Chapitre XVIII : Évacuation

Juliet peinait à enfiler son scaphandre dans l’espace réduit de la salle de bains, tandis que son frère, sa mère et Arvey patientaient dans la chambre.

– Tu y arrives, ma chérie ? demanda Veronica à travers la porte. Tu as besoin d’aide ?

– Elle ferait mieux de s’habiller ici ! s’exaspéra Kelvin.

– Ça, c’est sûr, confirma son beau-père.

L’adolescente étouffa un juron ; il était hors de question qu’elle s’exhibe devant tout le monde. Si seulement ils voulaient bien tous lui foutre la paix ! Et, surtout, si cette sal… eté de combinaison voulait bien se laisser faire.

– Rhaaa ! ragea-t-elle quand elle se déboîta l’épaule en forçant.

Elle avait toujours été hyperlaxe et son épaule gauche se démettait régulièrement, pour un oui ou pour un non. Elle savait comment faire pour remédier au problème, mais ça lui faisait toujours un mal de chien. Elle lança son bras, qui heurta le miroir au-dessus du lavabo.

– Aïe !

– Ça va, ma chérie ? s’inquiéta sa mère ?

Juliet refoula ses larmes, remarqua que la glace était brisée et qu’elle s’était coupé la main. Non, ça ne va pas ! songea-t-elle. Rien ne va ! Ce foutu vaisseau part à la dérive et l’étoile qui s’est dessinée sur ce miroir va me valoir combien d’années de malheur, déjà ? Elle déverrouilla la porte :

– Tu peux m’aider ? demanda-t-elle d’une petite voix.

Veronica prit les choses en main : elle l’aida à enfiler sa combinaison, banda la main blessée et ajusta les gants et le casque dont la visière resta ouverte ; elle était conçue pour se refermer automatiquement en cas de dépressurisation. Toute la famille Jayro-Atkins ainsi équipée put enfin sortir de la cabine, la démarche pataude et l’allure ralentie. La coursive était noire de monde, la cohue indescriptible : il y avait là des gens blessés, d’autres qui, comme eux, étaient affublés d’une combinaison étanche ; la plupart avaient l’air simplement déboussolés, hagards et agressifs. Ça allait et ça venait, ça se bousculait, ça s’insultait, ça en venait même parfois aux mains… Arvey prit la tête du convoi et se fraya un chemin en direction des ascenseurs, avant de s’arrêter bientôt pour tenter de relever quelqu’un qui s’était assis en plein milieu du couloir, indifférent aux coups et aux insultes récoltées au passage. Il dut mettre son corps en opposition à la foule et demander à Juliet de l’aider à redresser l’inconnu, qui s’avéra être une personne d’un certain âge – un vieux croulant complètement gâteux, songea l’adolescente –, pour parvenir à ses fins. Toute la famille fit un crochet pour ramener le vieil homme à sa cabine, où il retrouva les siens, qui n’avaient pas l’air de s’inquiéter de son sort outre mesure.

Un peu plus loin dans la coursive, une furie se rua sur Juliet pour lui demander la direction de son habitation, des larmes dans les yeux et la voix rendue tremblante par la panique. Elle la secoua tant et si bien qu’elle parvînt à lui faire mal à l’épaule, malgré le renfort de la combinaison spatiale.

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