Le marchand de peur by Machale D.J

Auteur:Machale, D.J. [Machale, D.J.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2012-06-09T19:09:28+00:00

Journal n°3

(suite)

Denduron

Franchement, les gars, j'aurais tant voulu rester avec vous ! Quand j'ai pris le flume pour retourner dans cette station de métro, je ne pensais qu'à l'oncle Press et à la mission qui m'attendait. Mais une fois sur place, lorsque je vous ai vus tous les deux, je me suis rappelé combien je regrettais ma vraie vie. Le peu de temps que j'avais passé sur Denduron m'avait complètement chamboulé, mais, en vous voyant, j'ai eu l'impression de ne jamais être parti. À un moment donné, j'ai cru que je n'arriverais jamais à monter dans le flume et à retourner à Denduron. Tu avais raison, Courtney ; ç'aurait été si facile. Je n'avais qu'à m'en aller avec vous.

Mais alors, je me suis souvenu de l'oncle Press, et j'ai su ce que je devais faire. Je devais repartir. Peut-être aurais-je mieux fait de rester, car comme ça je n'aurais pas envenimé la situation. Parfois, il ne suffit pas d'avoir de bonnes intentions : il faut aussi faire preuve d'intelligence ; et je crois sincèrement qu'il m'arrive de ne pas être très malin. Je vais vous dire ce qui s'est passé, pour que vous puissiez juger par vous-mêmes.

Quand le flume m'a ramené à Denduron, Loor était là pour m'accueillir. La première chose qu'elle m'a dite, c'est :

— Je n'étais pas sûre que tu reviendrais.

Je suis monté sur mes ergots et ai lancé :

— Hé, pour qui me prends-tu ?

Bien sûr, elle avait tout à fait raison. J'avais bien failli rester sur Seconde Terre, mais je ne voulais pas qu'elle le sache. Je préférais qu'elle croie que j'avais confiance en notre réussite.

— Nous sommes fatigués tous les deux, a-t-elle dit. Nous devons prendre un peu de repos avant de nous y mettre.

— On a le temps ?

Je savais que l'oncle Press devait être exécuté « à l'équinoxe », même si je ne savais pas quand c'était exactement. Pour autant que je sache, ça pouvait se produire dans dix minutes.

— L'équinoxe est pour demain, midi, a-t-elle expliqué. Lorsque les trois soleils ne font plus qu'un dans le ciel. Nous avons le temps de faire un somme.

Je comprenais, maintenant. Loor et moi sommes retournés dans la petite pièce au cœur de la mine. Elle ne m'a pas demandé ce qu'il y avait dans le sac à dos et je n'avais pas l'intention de lui expliquer. Je gardais ça pour plus tard. Mais j'avais besoin d'un objet, que j'ai donc sorti. C'était ma montre digitale. Je n'avais pas la moindre idée de l'heure qu'il était, mais si je devais dormir un peu, je ne voulais pas avoir une panne d'oreiller, ronfler pendant dix heures et me réveiller trop tard. J'ai réglé l'alarme sur deux heures plus tard. C'était une sieste prolongée, tout au plus, et j'étais à bout de forces. Mais c'était toujours mieux que rien.

Loor m'a regardé avec curiosité pendant que je réglais ma montre. Le bip l'a même fait bondir de surprise. J'imagine que, là d'où elle venait, il n'y avait pas de montres. Pour une fois, j'ai eu l'impression d'avoir une longueur d'avance sur elle.

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