L’île mystérieuse by Jules Verne

L’île mystérieuse by Jules Verne

Auteur:Jules Verne
Format: epub


Maria-Stella

Vineyard.

« Un navire du Vineyard ! Un navire de mon pays ! s’écria-t-il. La Maria-Stella ! un beau baleinier, ma foi ! Et que je connais bien ! Ah ! mes amis, un bâtiment du Vineyard, un baleinier du Vineyard

[17] ! »

Et le marin, brandissant le harpon, répétait non sans émotion ce nom qui lui tenait au cœur, ce nom de son pays natal !

Mais, comme on ne pouvait attendre que la Maria-Stella vînt réclamer l’animal harponné par elle, on résolut de procéder au dépeçage avant que la décomposition se fît. Les oiseaux de proie, qui épiaient depuis quelques jours cette riche proie, voulaient, sans plus tarder, faire acte de possesseurs, et il fallut les écarter à coups de fusil.

Cette baleine était une femelle dont les mamelles fournirent une grande quantité d’un lait qui, conformément à l’opinion du naturaliste Dieffenbach, pouvait passer pour du lait de vache, et, en effet, il n’en diffère ni par le goût, ni par la coloration, ni par la densité.

Pencroff avait autrefois servi sur un navire baleinier, et il put diriger méthodiquement l’opération du dépeçage, – opération assez désagréable, qui dura trois jours, mais devant laquelle aucun des colons ne se rebuta, pas même Gédéon Spilett, qui, au dire du marin, finirait par faire « un très bon naufragé ».

Le lard, coupé en tranches parallèles de deux pieds et demi d’épaisseur, puis divisé en morceaux qui pouvaient peser mille livres chacun, fut fondu dans de grands vases de terre, apportés sur le lieu même du dépeçage – car on ne voulait pas empester les abords du plateau de Grande-Vue –, et dans cette fusion il perdit environ un tiers de son poids. Mais il y en avait à profusion : la langue seule donna six mille livres d’huile, et la lèvre inférieure quatre mille. Puis, avec cette graisse, qui devait assurer pour longtemps la provision de stéarine et de glycérine, il y avait encore les fanons, qui trouveraient, sans doute, leur emploi, bien qu’on ne portât ni parapluies ni corsets à Granite-House. La partie supérieure de la bouche du cétacé était, en effet, pourvue, sur les deux côtés, de huit cents lames cornées, très élastiques, de contexture fibreuse, et effilées à leurs bords comme deux grands peignes, dont les dents, longues de six pieds, servent à retenir les milliers d’animalcules, de petits poissons et de mollusques dont se nourrit la baleine.

L’opération terminée, à la grande satisfaction des opérateurs, les restes de l’animal furent abandonnés aux oiseaux, qui devraient en faire disparaître jusqu’aux derniers vestiges, et les travaux quotidiens furent repris à Granite-House.

Toutefois, avant de rentrer au chantier de construction, Cyrus Smith eut l’idée de fabriquer certains engins qui excitèrent vivement la curiosité de ses compagnons. Il prit une douzaine de fanons de baleine qu’il coupa en six parties égales et qu’il aiguisa à leur extrémité.

« Et cela, monsieur Cyrus, demanda Harbert, quand l’opération fut terminée, cela servira ?...

– À tuer des loups, des renards, et même des jaguars, répondit l’ingénieur.

– Maintenant ?

– Non, cet hiver, quand nous aurons de la glace à notre disposition.



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.