Le marchand de mort by Grace C.L

Le marchand de mort by Grace C.L

Auteur:Grace, C.L. [Grace, C.L.]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Policier
Éditeur: 10-18 Grands détectives
Publié: 2012-02-17T17:37:44+00:00


CHAPITRE VII

Kathryn dormit tard, le lendemain matin. Quand elle se leva pour écarter les volets de sa fenêtre, elle se mit à rire.

— Faites confiance à un Irlandais !

Le soleil était au rendez-vous et le dégel avait commencé. De l’autre côté d’Ottemelle Lane, la neige glissait déjà des avant-toits, et Kathryn percevait le bruit de l’eau qui gouttait du pignon de sa maison. Elle ouvrit la fenêtre, respira l’air glacé et écouta le cliquetis des charrettes et les cris qui montaient de la rue. En ville, on rattrapait le temps perdu. La brume du petit matin se dissipait, et dans l’atmosphère claire, par-dessus le vacarme des voitures, des fouets qui claquaient et des glapissements des marchands, retentissaient les grosses cloches de la cathédrale sonnant la messe du matin. Kathryn ferma la fenêtre en frissonnant, se lava et s’habilla en hâte. Elle alluma ensuite la bougie des heures, l’ajustant avec soin au moyen d’un couteau pour que la flamme commence au dixième cercle rouge. Puisque les cloches de la cathédrale sonnaient, il devait être à peu près deux heures avant midi. La jeune femme se tapota le cou et la paume des mains avec un peu de son onguent précieux, puis retira la courtepointe pour enlever les draps et les taies d’oreiller de son lit : profitant du changement de temps, Thomasina les laverait.

— Kathryn ! Kathryn ! cria Wuf qui sautait sur la galerie.

Elle ouvrit la porte et le petit garçon brandit un disque en bois, s’exclamant :

— C’est moi qui l’ai façonné, je peux m’en amuser sur la neige.

Kathryn lui caressa distraitement la tête et souhaita le bonjour à Agnes ; la servante descendait déjà un ballot de draps au petit lavoir dans le fond du jardin.

En bas à la cuisine, Thomasina préparait de la bouillie d’avoine sur le feu. La vieille nourrice se redressa et regarda sévèrement Kathryn.

— Vous êtes rentrée bien tard, hier soir !

Kathryn sourit.

— Travail de coroner, Thomasina !

Elle leva les yeux sur le pain tout frais que celle-ci avait hissé sous les poutres pour le mettre à l’abri de quelque souris en quête de provisions.

— Cela sent bon, dit-elle.

— Ne détournez pas la conversation, rétorqua sèchement Thomasina. Que faisiez-vous, avec ce maudit Irlandais ?

Kathryn avança dans la pièce.

— Il s’est emparé de moi, Thomasina, chuchota-t-elle. Il m’a entraînée dans une ruelle pour me violer sauvagement.

La servante lui tira la langue.

— C’est mal de mentir, déclara-t-elle avant de se détourner pour remuer la bouillie d’avoine. Mais même quand vous n’étiez qu’une enfant, vous étiez fantasque.

Kathryn s’assit à table en grimaçant. Avec Colum, ils étaient rentrés de la maison d’Erpingham sans s’entretenir de ce qu’ils y avaient découvert. Colum passait par un de ses brusques changements d’humeur. En lui montrant les étoiles, il avait commencé à racon-ter ses exploits de jeunesse, lorsqu’il était gamin en Irlande.

— C’est que le ciel est très clair, là-bas, avait-il expliqué. Alors je sortais pour chanter des chansons. On dit que chanter aux étoiles porte bonheur : les vieux affirment que



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