Le Lys noir: Faustine by François Larzem

Auteur:François Larzem [Larzem, François]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
ISBN: 9782361834142
Publié: 2017-08-23T22:00:00+00:00

Chapitre 23

Le petit-déjeuner se faisait grincheux à l’Ermitage.

— Il t’a quand même embrassée !

— N’est-ce pas ce que je voulais ?

— Oui, mais si je n’étais jamais intervenu, où serais-tu ?

— Dans ses bras sans doute.

— Ah ! Cesse de dire des sottises !

— Allez, mon gros ronchon, tout se passera bien. Je te promets d’être prudente.

— Tu m’as déjà dit ça hier.

— Et alors, j’en suis sortie indemne, non ?

Ézéchiel regardait ses deux amis se chamailler. Il en avait pris l’habitude. Le maître d’armes se trouvait être un sacré râleur. Il ne pouvait s’empêcher d’agir ainsi avec ceux qu’il aimait. Mais Faustine savait apprivoiser le vieil homme.

— C’est en affrontant les difficultés que l’on parvient à les surmonter. Tu m’as répété cette phrase un millier de fois, lui murmura-t-elle. Chaque jour, ta confiance me permet de grandir un peu plus. Tu as toujours su me protéger en me laissant libre de mes décisions. Et j’en suis fière. Je t’aime trop pour prendre des risques inutiles.

Le regard perdu dans ses pensées, Giuseppe resta silencieux.

Faustine était la fille qu’il n’avait jamais eue. Armand de Castellac, davantage soucieux du devenir de l’empire que de son enfant à venir, se trouvait en mission le jour de sa naissance. La révolte grondait au cœur des provinces de l’Est. Assoiffé de richesses, Braan de Foenzer s’y comportait en tyran, accablant d’impôts les gens de son duché. Il était temps de mettre fin au règne du despote avant que les forces de l’empereur n’écrasent la rébellion dans le sang. Le Lys Noir ne connaissait aucun repos à traquer l’injustice. À croire que l’empire ne comptait à sa tête qu’un vaste ramassis de crapules dont les vautours se chargeaient de finir les restes.

Depuis plusieurs heures déjà les contractions durcissaient le ventre d’Éloïse à intervalles réguliers. Elles avaient beau être insupportables, le bébé ne se décidait pas encore à montrer sa frimousse. C’était une fille, sa maman le savait. Même si son père préférait se persuader du contraire. Faustine. C’est ainsi qu’elle l’appellerait. Pourtant rompue à la douleur, la jeune femme grimaçait à chaque nouveau spasme, poussant des plaintes qu’elle aurait voulu taire. Dans le couloir juste à côté, Giuseppe faisait les cent pas comme un lion en cage. Il rageait de se sentir impuissant à calmer les tourments de son amie.

— Ézé ! rugit-il en entrouvrant la porte de la chambre. Qu’attends-tu pour apaiser ses souffrances ? Dans tout ton fourbi n’as-tu aucune potion qui soulagerait Éloïse ?

— Mon fourbi ? Sors d’ici, tu ne sers à rien à part m’agacer !

— Parce que tu te crois utile ? conclut le grognon en claquant la porte.

— Quel sale caractère ! marmonna l’alchimiste.

— Tu sais bien qu’il n’en pense pas un mot, l’excusa la jeune femme que les contractions laissaient un instant tranquille. Il est juste inquiet, comme à l’ordinaire.

Les fréquentes disputes des deux hommes la rassuraient, tel un rite qui devient nécessaire à force d’habitude. Son merveilleux sourire rayonna jusqu’à ce que les tiraillements la reprennent de plus belle.

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