Le Livre des Trois by Lloyd Alexander

Auteur:Lloyd Alexander [Alexander, Lloyd]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

12.

Les loups

Au cours de la journée, Taran crut pendant un certain temps qu’ils avaient réussi à semer les Fils du Chaudron. Mais à la fin de l’après-midi, les guerriers réapparurent, surgissant d’une lointaine lisière d’arbres. Dans le soleil couchant, les longues ombres des cavaliers s’étendaient au flanc d’une colline, en direction de la rase campagne où le petit groupe poursuivait péniblement son chemin.

— Tôt ou tard, nous devrons les affronter, dit Taran en s’essuyant le front, autant que ce soit maintenant. Il est impossible de vaincre les Fils du Chaudron, mais avec un peu de chance, nous pourrons peut-être les retenir pendant quelque temps. Si Eilonwy et Gurgi parviennent alors à s’échapper, il y aura encore une chance.

Gurgi, affalé sur la selle de Melyngar, protesta aussitôt à grands cris.

— Non, non ! s’exclama-t-il, le fidèle Gurgi reste avec le puissant seigneur qui a épargné sa pauvre et tendre tête ! L’heureux et reconnaissant Gurgi se battra lui aussi, en taillant et tailladant...

— Vos sentiments sont fort estimables, assura Fflewddur, mais avec votre jambe, vous ne pourrez pas tailler et taillader grand-chose.

— Je n’ai pas non plus l’intention de courir, intervint Eilonwy, j’en ai assez de courir et de m’écorcher le visage et de déchirer ma robe, tout cela à cause de ces stupides guerriers.

Elle sauta en souplesse à bas de la selle puis elle arracha au fardeau de Taran un arc et une poignée de flèches.

— Eilonwy ! Arrêtez ! s’exclama Taran, ces hommes sont des morts-vivants, il est impossible de les tuer !

Bien qu’elle fût entravée par la longue épée qu’elle portait en bandoulière, Eilonwy courut plus vite que Taran, et lorsqu’il la rattrapa enfin, elle était montée sur un tertre et tendait la corde de l’arc. Les Fils du Chaudron galopaient à travers la plaine ; le soleil se reflétait sur la lame de leurs épées qu’ils brandissaient.

Taran attrapa la jeune fille par la taille et essaya de la ramener en arrière. Il reçut aussitôt un bon coup de pied dans les tibias.

— Faut-il donc toujours que vous vous mêliez de tout ? demanda Eilonwy d’un ton indigné.

Avant que Taran ait eu le temps de la saisir à nouveau, elle leva une flèche en direction du soleil et murmura une phrase étrange. Puis elle encocha la flèche sur la corde de l’arc et tira en visant les Fils du Chaudron. La flèche décrivit une courbe vers le ciel et disparut presque dans la clarté des rayons solaires.

Bouche bée, Taran regarda la flèche amorcer sa descente : lorsqu’elle piqua vers le sol, de longues traînées d’argent jaillirent de son empenne et, un instant plus tard, une immense toile d’araignée étincela dans les airs flottant lentement en direction des cavaliers.

Fflewddur, qui les avait rejoints à ce moment, s’immobilisa, stupéfait.

— Par le Grand Belin ! s’exclama-t-il, qu’est-ce que c’est ? On dirait des décorations de fête !

La toile d’araignée descendit lentement sur les Fils du Chaudron, mais les guerriers n’y accordèrent aucune attention. À coups d’éperons, ils pressèrent leurs montures et les fils de la toile se cassèrent, s’évaporant bientôt.

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