Le jeu de la poupée by Frédérique Vervoort

Auteur:Frédérique Vervoort [Vervoort, Frédérique]
La langue: fra
Format: epub
Tags: suspense, roman, poupée, séquestration, amour, obsession, enlèvement, domination
ISBN: 9782759901609
Éditeur: UPblisher
Publié: 2014-04-25T00:00:00+00:00

Chapitre 13

Le boulevard offre moins d’opportunités que l’impasse. Virgile l’apprenait à ses dépens. Clara bougeait peu.

Le samedi soir, il eut le désagrément suprême de voir Gilbert s’inviter au logis. Après tout, il en était propriétaire et il avait la clé, lui aussi. Les soupçons de Virgile se muèrent en incrédulité, tant l’évidence, parfois, paraît plus confuse que le doute. Il se surprit à donner à cette intrusion toutes sortes d’explications. Un dossier oublié, une ampoule à réparer, le chat à nourrir. Il n’y avait pas de chat. Il n’y avait que Clara. Une chatte si on veut, mais Virgile détestait la vulgarité. Alors il attendit que l’autre redescende. Il ne le fit pas. Pas avant l’aube. Virgile était transi dans son Opel dont il venait de renouveler le bail. Ce mois d’avril était hivernal. Il s’était mis à fumer et l’habitacle empestait le tabac mais il avait d’autres sujets de contrariété. Clara ne pouvait pas se taper ce gros. Même un patron de multinationale ne méritait pas cette chance. Virgile se sentait sali, comme si elle l’eût trompé avec un… il ne trouvait pas les mots. On frôlait la zoophilie. Il regardait la boîte à gants avec avidité. En finir. Vite. Il empoigna, sur la banquette du passager, le petit sac noué d’une faveur rose.

Il se retrouva devant la porte en état second. Plus le temps, ou l’envie, d’élaborer un plan sophistiqué. Gilbert venait à peine de tourner à l’angle du boulevard, sa voiture filait le long des bâtiments du Conservatoire. Apparemment, sa liberté était surveillée. La maîtresse galeriste ?

Virgile sonna. Le nom de Clara était encore écrit à la main, sur un carton glissé dans une encoche de plastique, au-dessus de la plaque miroitante des avocats et en dessous du bristol de la vieille du 4e, qui ne sortait même plus, Virgile l’avait vérifié, pour promener son chien. L’un des deux devait être mort.

Il comptait sur l’effet de surprise. Sinon, il en serait quitte pour veiller quelques nuits encore dans l’espace restreint de l’Opel, dont il avait bourré le coffre au maximum. La porte s’ouvrit. Une épaisse porte en chêne, prétentieuse, à heurtoir de bronze inutile car tout était automatisé depuis le bureau de la secrétaire : Clara.

Elle se tenait devant lui, dans une chemise d’homme, trop grande, dont les pans lui battaient les cuisses. Ses yeux et sa bouche s’arrondirent presque comiquement sous l’effet de la surprise et Virgile en conclut que son plan improvisé avait marché. Clara s’attendait à voir surgir son amant : une clé oubliée peut-être, ou un baiser d’adieu à peaufiner… Il tenait en bride sa colère. Il le fallait. Clara l’observait avec, il était bien obligé de le constater, une absence totale d’empathie et même un léger rictus de frayeur. Il tendit le sac avec un sourire timide. C’était risqué mais il avait besoin d’une dose d’adrénaline supplémentaire.

— Ta robe rouge. Je t’avais dit que je te la retrouverais. J’ai eu du mal tu sais. J’espère qu’elle est à ta taille.

Elle secoua légèrement la tête, ignorant l’offrande.

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