Le feu du ciel by Erin Hunter

Auteur:Erin Hunter [Hunter, Erin]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2015-02-18T23:00:00+00:00

CHAPITRE 15

Kallik

Le soleil, au ras de la ligne d’horizon, allumait des étincelles sur la neige. Le blizzard de la nuit avait sculpté une forêt d’arbres gigantesques. Les colonnes de glace, aussi cristallines que des lacs de montagne, renvoyaient le reflet des ours.

Éblouie par la lumière, Kallik se remit en route d’un pas guilleret. Elle sentait à nouveau les picotements dans sa fourrure, ceux qui lui disaient qu’elle était sur la bonne voie. En passant devant une spirale de glace, elle soupira de bien-être. Avec ses deux bosses et le creux à son sommet, elle évoquait une ourse blanche aux reflets bleutés poussant un rugissement victorieux. Aucun doute : Silaluk veillait sur elle. Elle n’avait plus rien à craindre.

Soudain, une odeur salée vint frapper ses narines. Son cœur fit un bond. Elle se tourna vers Ujurak et s’écria :

— Un phoque ! Je sais que je peux l’attraper : je suis une ourse polaire. Je suis faite pour vivre sur la banquise, à l’égal des plus courageux des ours. Silaluk me l’a dit.

Ujurak contempla les rayons dorés qui traversaient les colonnes translucides et répondit :

— Ça prend trop de temps, d’attraper un phoque.

Ce qui mit Toklo en colère :

— Tu vas arrêter de faire ta tête-de-saumon, oui ? Il faut qu’on mange ! Surtout la marmotte, ajouta-t-il en piquant les fesses de Lusa avec ses griffes.

La petite ourse noire sursauta :

— Je suis réveillée ! Regardez !

Et elle écarquilla les yeux comme si elle avait mis des brindilles pour les maintenir ouverts.

— Ce ne sera pas long, promit Kallik.

Elle sentait la puissance de la banquise monter dans ses pattes. Cette fois, elle ne reviendrait pas bredouille.

À contrecœur, Ujurak la suivit à travers le labyrinthe de colonnes gelées. Kallik se mit à courir. Puis, comme ses amis avaient du mal à maintenir la cadence, elle fit demi-tour et repartit au galop. Une énergie nouvelle coulait dans ses veines. Sous ses pattes, la glace étincelait comme un ciel rempli d’étoiles. Le vent, chargé de parfums de neige et de graisse salée, l’attirait irrésistiblement.

Enfin, Kallik repéra le trou qui se découpait dans le sol. Il était bien caché, dans l’ombre des arcades de glace qui semblaient crever le ciel. Les rayons du soleil peignaient des éclats de lumière sur la surface de l’eau.

— Attendez-moi ici, murmura Kallik à ses amis.

Puis, comme Toklo s’apprêtait à répliquer, elle ajouta :

— Et je ne veux rien entendre.

Le grizzli referma la gueule, la foudroya du regard, mais s’assit et ne bougea plus.

Kallik se dirigea vers le trou en soulevant des petits nuages de poudreuse. Lorsqu’elle fut assez près, elle se mit à ramper, appréciant le contact de la neige immaculée contre son ventre. Elle approcha la truffe du trou, banda les muscles et attendit. Garder les yeux fixés sur l’eau. Sentir le vent caresser sa fourrure. Entendre les esprits lui chuchoter des mots d’encouragement.

Kallik repensa à ce qui s’était produit pendant la tempête. Elle avait rencontré Silaluk… et Ujurak était son fils ! Au début, elle n’avait pas voulu y croire.

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