Le Carnaval de Romans by Histoire

Le Carnaval de Romans by Histoire

Auteur:Histoire [Histoire]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Blondie - La Gang
Publié: 2015-07-05T22:00:00+00:00


Lièvre = huguenots.

Chapon = ligueurs.

Perdrix = catholiques.

Nous n'avons aucun détail sur la façon technique, politique et religieuse dont s'est déroulé le royaume du Lièvre, avec ses menées sous-jacentes de huguenots ; la course au lièvre, au sens littéral du terme, a dû y prendre place effectivement, puisque cette petite bête rapide se prête mieux que la perdrix à un tel sport, pour peu qu'on le pratique dans un lieu clos...

Le royaume du Chapon, en revanche, est connu grâce au texte du juge. Ce second « reynage » aurait pris naissance, nous dit Guérin (A 158), dès le dimanche 14 février 1580 (dimanche gras). Paumier l'aurait conçu comme une riposte et comme un contre-feu, pour faire pièce au défilé du Grand Conseil de la Perdrix, lui-même dirigé contre la bande à Paumier : ledit Paumier et ses complices, voyant toutes ces choses (le défilé menaçant du Grand Conseil) et prévoyant ce qui lui adviendrait (son propre assassinat, par ceux de la Perdrix) et sans que toutefois il y ait eu préméditation (de cet assassinat) de la part de la Perdrix se résolut de troubler cette fête et fit inventer la course d'un chapon pour la plupart des laboureurs et gens mécaniques de ladite ville (de Romans).

Divergences d'interprétations. Selon Piémond, dont j'ai déjà cité le texte, la Perdrix est une réplique offensive contre le Chapon (en fait, c'est faux). Selon Guérin, au contraire, le Chapon est une réaction irritée contre l'initiative de la Perdrix : cette seconde analyse souligne (à l'encontre des thèses « officielles »... du même Guérin) les responsabilités que prennent par avance les notables, affiliés à l'oiseau des champs quant aux événements sanglants qui vont suivre. Est-elle totalement exacte ? Les deux royaumes, Perdrix et Chapon, ont pu jaillir respectivement des deux camps adverses, et de la spontanéité des divers quartiers urbains, de façon indépendante. Une fois mis en place, au dimanche gras. Chapon et Perdrix ont réagi l'un sur l'autre. Une situation explosive s'est créée.

Le Lièvre était partiellement huguenot, puisque artisanal (plusieurs hommes des métiers tendent au calvinisme). Le royaume du Chapon, lui, est davantage paysan ; il demeure donc papiste ; il attire par priorité, en fonction du quartier lourdement rustique dans lequel il a pris naissance intra muros, les travailleurs agricoles et viticoles de Romans ; ou encore comme dit Guérin, la plupart des laboureurs de ladite ville ; ceux-ci sont flanqués quand même d'un certain nombre de « gens mécaniques » (artisans).

Donc le dimanche 14 février, ces laboureurs et gens « mécaniques » du Chapon s''assemblèrent en nombre de plus en plus de deux cents ; après la course ou tir au chapon, et après avoir « fait leur roi », ils se promenèrent en ville avec leurs armes (A 1 59). Le style de Guérin, comme souvent, est ambigu. Cette « promenade » évoque des intentions pacifiques ; mais elle se fait quand même « sous les armes ». Est-elle belliqueuse ? Il n'est plus question en tout cas de la forêt rituelle des



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