L'avenir dure longtemps by Althusser Louis

L'avenir dure longtemps by Althusser Louis

Auteur:Althusser, Louis [Althusser, Louis]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Documents - Essais
ISBN: 9782253097853
Éditeur: Stock
Publié: 1994-01-14T23:00:00+00:00


XVI

La politique ? J’imagine qu’on m’attend sur son chapitre. De fait, j’aurais infiniment à dire, mais ce serait entrer dans les anecdotes de la petite histoire : sans intérêt pour la « généalogie » après coup de mes traumatismes d’affects psychiques. Des anecdotes ? On en trouve partout à revendre et surtout à « vendre ». Cela ne m’intéresse pas. J’ai dit en effet que je ne voulais retenir ici de ma vie que les événements ou les souvenirs d’événements qui, m’ayant marqué, ont contribué soit à inaugurer la structure de mon psychisme, soit, et surtout, sinon toujours, dans l’après coup d’interminables répétitions, à la renforcer, ou, dans les conflits de désirs, à l’infléchir en des formes étrangères aux premières, au moins en apparence.

Ici je dois au lecteur le rappel d’événements qu’il connaît.

Le Parti avait joué un très grand rôle dans la résistance contre les occupants nazis. Il est incontestable qu’en juin 1940, sa direction suivit une ligne néfaste. La théorie de la IIIe Internationale, qui dirigeait en fait, sous la haute autorité de Staline, tous les partis communistes (et le Parti français même, « contrôlé » par le délégué de l’Internationale, le Tchèque Fried, homme très remarquable paraît-il, et à qui Thorez dut assurément beaucoup), était que la guerre était une pure guerre impérialiste, opposant pour des buts purement impérialistes les Français et Anglais aux Allemands. Il fallait les laisser s’entre-déchirer, l’Urss attendait pour tirer les marrons du feu. Si elle avait conclu les accords germano-soviétiques, la raison en était fort simple : c’est que, depuis bien avant Munich, les démocraties occidentales renâclaient à respecter leur propre signature, manifestement par peur et fascination de Hitler et en vertu du fameux principe « mieux vaut Hitler que le Front populaire », mieux vaut le nazisme que le Front populaire et a fortiori la révolution prolétarienne. On comprend la bourgeoisie et nous en avons tous eu la preuve. L’Urss avait négocié de manière désespérée après la première grande défaite du mouvement ouvrier, en Espagne, où elle était largement intervenue (armes, avions, brigades internationales) pour obtenir l’accord des démocraties occidentales. Mais ni Daladier ni Chamberlain n’avaient eu le « courage » de simplement respecter leurs engagements politiques et militaires formels : ils devaient en fournir la preuve publique lors de l’abandon de la Tchécoslovaquie, des Sudètes d’abord, puis de tout le pays ensuite. Et à ce moment-là, aucun interdit, comme ce fut plus tard le cas de la Pologne fasciste, ne les empêchait d’intervenir.

La démonstration est incontestable : les faits sont patents et aucun historien tant soit peu sérieux ne les conteste. Malgré ces faits et malgré sa profonde méfiance fondée sur ces faits historiques, l’Urss continua de tenter d’obtenir des démocraties occidentales la constitution d’un front uni contre Hitler devenu de plus en plus dément et avide d’espace vital, avant tout des riches plaines d’Ukraine. Évidemment vers l’Est, bien loin de la France et de l’Angleterre. C’est dans ces conditions, lorsque l’attaque hitlérienne contre la Pologne devint imminente, lorsque la Pologne



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