L'affaire Emily Howard by Moka

Auteur:Moka [Moka]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Play Bac
Publié: 2019-12-02T05:00:00+00:00

25 - Quelque part

dans la forêt de Grésigne,

le 24 avril 2012, après 23 heures

L’homme de haute taille ralentit, le souffle court. Le sac pesait au bout de son bras. Pas sûr que les deux bouteilles de blanquette de Limoux suffisent pour faire passer le lot de mauvaises nouvelles. Aucune lumière ne filtrait derrière les volets clos de la maison des bois. Pas de bruit non plus. Cet endroit était flippant.

Il ne trouva personne dans la grande pièce. Il se dirigea vers la cuisine pour mettre la blanquette au frais puis retourna dans le salon. Les lézards dormaient dans leur vivarium, ils avaient l’air d’être empaillés. Les bûches flambaient dans l'âtre, signe qu’on avait récemment entretenu le feu.

Il se racla la gorge et tenta un « hello ? » qui resta sans réponse. Il résista à une forte envie de foutre le camp. S’il voulait qu’on l’entende, il allait devoir hausser le ton.

— Ho, ho ! cria-t-il. Il y a quelqu’un ?

Il eut presque peur quand la porte d’entrée s’ouvrit brusquement. Les trois grosses brutes, la garde rapprochée du Grand Maître, surgirent, armes au poing.

— Hé, du calme ! C’est moi ! Et… heu…

L’homme de haute taille les regarda avec des yeux ronds. Il venait de s’apercevoir qu’ils étaient uniquement vêtus de leurs caleçons et de la ceinture qui portait l’étui de leur revolver. De longues traînées ensanglantées zébraient tout leur corps, causées probablement par des buissons épineux.

— Sieg Heil ! lancèrent les trois voix à l’unisson.

Ce qui sonna vraiment bizarrement, vu leur tenue vestimentaire.

— C’est… oui… Sieg Heil… Hum. Où est le Grand Maître ?

Un des gaillards ressortit et hurla :

— C’est bon ! Pas de danger ! C’est l’agent de liaison !

Quelques secondes plus tard, un pas pesant ébranlait le plancher du porche. L’énorme masse du géant chauve emplit tout l’encadrement de la porte. Le Grand Maître transpirait abondamment, de l’eau tout autant que de la graisse. On avait l’impression que ses tatouages allaient dégouliner jusqu’à ses pieds. Le spectacle aurait pu prêter à rire. Il était effrayant.

— Vous deviez revenir hier, dit le colosse sur un ton de reproche.

— Oui, désolé. J’ai été retenu.

Le Grand Maître avança jusqu’à la cheminée. Il s’effondra dans son fauteuil rouge.

— Par quoi ? gronda-t-il.

L’homme de haute taille décida soudain qu’il ne se laisserait pas intimider.

— Par les conneries du groupe d’intervention !

Les trois lourdauds bombèrent le torse. Ils n’appréciaient pas que l’on critique leurs camarades. Même s’il risquait de s’en prendre une, l’agent de liaison les toisa.

— Et si vous alliez vous rhabiller, vous ?

— Obéissez, ordonna le Grand Maître.

Une des brutes bouscula l’homme de haute taille en se dirigeant vers une des chambres. En même temps, il lui montra ses dents jaunes. Il se prenait pour un pitbull, celui-là. Le Grand Maître attendit que sa garde disparaisse dans l’autre pièce avant de parler.

— Courir nu dans la forêt en pleine nuit peut vous paraître étrange, mais c’est un entraînement très efficace. Ça apprend à supporter le froid et la douleur.

— Je n’ai pas besoin d’explication.

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