La Splendeur du Portugal by Lobo Antunes Antonio

La Splendeur du Portugal by Lobo Antunes Antonio

Auteur:Lobo Antunes, Antonio [Lobo Antunes, Antonio]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature Portugaise
Éditeur: La Gang©
Publié: 2000-03-08T23:00:00+00:00


24 décembre 1995

* * *

Ma sœur Clarisse à moi

— C’est là-bas

dans la partie de Luanda qui n’est ni ville ni bidonville ou bien les deux et ni l’une ni l’autre à la fois, avec encore des pavillons et des immeubles mais inachevés, des baraques affichant l’apparence et la prétention d’être des immeubles, des édifices moitié en brique moitié en bois flanqués de jardinets poussiéreux, des cachots branlants, du linge d’ouvrier pendu sur des cordes, une file de personnes devant la fontaine publique réduite à un vieux robinet en métal fiché dans un bloc de ciment s’égouttant en un minuscule filet avaricieux, terreux, qui rampait sur le sol en affolant les abeilles, des édifices moitié en brique moitié en bois habités par des Blancs plus pauvres que les autres Blancs autrement dit très pauvres et des Noirs plus riches que les autres Noirs autrement dit quasiment misérables, des pavillons et des immeubles que les constructeurs ont laissés inachevés pour aller restaurer les villas de vacances des Américains du pétrole et des Portugais de la bière, les quartiers et les monuments prioritaires du gouvernement, les compagnies d’assurances, les banques, les hôtels, les usines, les infirmeries, les mess et les quartiers de l’armée, des pavillons et des immeubles sans cheminée ni toit, aux fenêtres à peine ébauchées, aux portes obliques, aux tiges de fer dépassant des piliers qui profitaient aux cigognes, à quoi s’ajoutaient des cabanes de planches et de terre battue pour compléter les couloirs les salles à manger les cuisines et les chambres, Clarisse à moi

— C’est là-bas

comme s’il pouvait exister un cabinet médical parmi ces impasses et ces sentiers bordés de varices de baobab et de vieux menaçant avec un tromblon l’étendue de la mer, comme si un docteur expert en maladies des reins pouvait s’établir au milieu de bétonnières et de tibias de grues flanqués d’une chèvre flairant leurs genoux, mon frère Carlos dans la maison d’Alvalade donnant sur le centre ville, vers les bonshommes qui troquaient pièces angolaises contre pièces portugaises, dix pour cent douze pour cent dix-sept pour cent vingt-cinq pour cent sur la place de Versailles, la maison d’Alvalade louée à des amis de mes parents jonchée de peaux d’antilopes et de zèbres sur tous les planchers et sur tous les sofas, des arcs, des lances et des boucliers en léopard sur tous les murs, des grues et des pélicans empaillés sur toutes les armoires sans parler du singe dans sa cage sur le balcon poussant des ricanements dès qu’il sentait notre présence, un sagouin que je torturais avec un tison apporté de la cuisine, Clarisse en le voyant sur le plancher de la cage

— Qu’est-il arrivé à la bestiole ?

des petites lumières arpentaient le sable la nuit, au collège le professeur d’histoire se mettait sur la pointe des pieds au milieu des cartables, les bras écartés comme s’il allait s’envoler

— Et César dit

nous rivés à nos cahiers pendant que le professeur grandissait, grandissait et gonflait, grandissait grandissait grandissait dans son costume à fines rayures avec



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