La prisonnière de Pharaon by Brussolo Serge

La prisonnière de Pharaon by Brussolo Serge

Auteur:Brussolo Serge [Serge, Brussolo]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique
Éditeur: Éditions du Masque
Publié: 2014-08-21T22:00:00+00:00


Anouna fit comme il disait et poussa le fragile loquet. Elle n’avait pas pensé que les molosses pourraient être excités par l’odeur du sang. De la corbeille à parfums, elle tira un coin de bois qu’elle comptait utiliser pour bloquer la porte une fois qu’elle serait dehors, car il était impossible de verrouiller les battants de l’extérieur. Elle ouvrit le récipient contenant tout ce qui restait de l’odeur du Malik. C’était peu… Elle en aurait sans doute besoin au moment du retour car la sueur de l’angoisse risquait de délayer les effluves dont elle s’était aspergée. Elle hésita. Devait-elle « parfumer » Neferît pour la protéger elle aussi des chiens ?

« Il n’y aura jamais assez de produit pour nous deux, constata-t-elle. Il vaudrait mieux se contenter de coincer la porte. »

Elle glissa la fiole dans sa ceinture et s’assit près du battant pour attendre la venue d’Idriss. On étouffait dans le réduit ; l’odeur du sang était écœurante.

La galopade des chiens emplit les couloirs. Ils arrivaient ! Ils envahissaient la salle, flairant déjà le bas des portes. Il ne leur fallut pas longtemps pour se rassembler devant le cagibi. Anouna les entendait grogner, gronder ; leurs museaux essayaient de s’introduire dans le jour séparant le bas de la porte du sol dallé. La jeune femme agita à hauteur de leur truffe sa main droite, imprégnée de l’odeur du Malik. Les bêtes cessèrent de renifler et parurent déconcertées. Elles ne comprenaient pas ce que leur maître faisait dans ce trou à rats. Pendant un moment, désorientées, elles poussèrent de petits gémissements plaintifs.

Anouna en fut quelque peu rassurée. La duperie semblait fonctionner. Le pas d’Idriss-Azhouf résonna dans le lointain. Comme toutes les nuits, il entamait sa déambulation à travers le palais. Il venait par ici, peut-être pour rendre visite à Shaadi et lui confier ses tourments ?

À travers l’épaisseur du panneau, la jeune femme entendit les chiens se bousculer pour l’accueillir. Elle tendit l’oreille, essayant de déterminer s’il entrait quelque part ou s’il continuait son chemin.

« S’il va chez Shaadi, pensa-t-elle, il grattera pour se faire ouvrir. »

Elle ne voulait surtout pas sortir trop tôt et courir le risque de se retrouver nez à nez avec le seigneur du harem, ce qui aurait été une catastrophe. Il ne s’arrêta pas. Anouna l’écouta traverser la salle, emprunter un autre couloir. Il marchait d’un pas traînant comme quelqu’un qui avance sans but précis… ou dans un demi-sommeil.

La parfumeuse ne connaissait pas le harem dans toute son étendue car elle n’avait jamais eu l’occasion d’aller au-delà des appartements de Fazziza et de Mawaada – qui, d’ailleurs, étaient voisins. Elle n’avait pas davantage exploré le territoire s’étendant au-delà de la fontaine, qu’elle devinait important car les alcôves, les arcades y dessinaient de nombreuses ramifications.

Elle ne pouvait plus attendre, il fallait sortir, maintenant…

Se redressant, elle ouvrit le loquet, entrebâilla la porte du réduit. Une dizaine de grands chiens noirs se tenaient vautrés sur les dalles, autour de la fontaine. Ils se levèrent d’un même bond lorsqu’ils l’aperçurent et coururent dans sa direction, les babines déjà retroussées.



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