La poudre de vie N°4 by Chillicothe Zeb

La poudre de vie N°4 by Chillicothe Zeb

Auteur:Chillicothe,Zeb [Chillicothe,Zeb]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Post-Apocalyptique
Éditeur: Plon
Publié: 1985-06-26T22:00:00+00:00


CHAPITRE XII

Fatigué par la longue marche qui les avaient amenés jusqu’en vue d’Eden, le muscle las et les pieds douloureux, Cavendish se laissait

entraîner par le trottoir roulant.

Les fidèles du dôme, en le croisant, détournaient les yeux et baissaient la tête. C’était le signe de convention. Us marquaient ainsi leur culpabilité. Faute de les apprécier, on respectait les Prêcheurs.

— Qu’est-ce que tu vas faire de moi ? Gémit le Rat.

Cavendish gonfla les joues.

— A vrai dire, je n’en sais trop rien, avoua-t- il. En tout cas tu as intérêt à te tenir peinard : ici il n’y a pas de Grands Blancs mais je ne me gênerais pas pour t’étrangler s’il te prenait la fantaisie de vouloir me nuire ! Dis-moi, tu n’as jamais pensé à te faire soigner ?

— Bien sûr que si, mais les médicastres d’Eden ne s’occupent que des immortels. Ils refusent de soigner les itinérants ou même les habitués. Il faudrait que je m’établisse sous le dôme pour qu’ils acceptent de se pencher sur mon cas. En fait, ça ne m’avancerait pas. Peut- être qu’ils me guériraient mais je. serais de toute façon condamné car il faut beaucoup d’argent pour durer à Eden; plus que j’en ai. J’ai toujours eu l’habitude de dépenser au fur et à mesure. C’était peut-être pour m’éviter toute tentation future...

Il hésita une seconde, avant d’ajouter :

— Tu pourrais peut-être me laisser ici, maintenant que tu es dans la cité. Je me débrouillerai pour rentrer. Je ne dirai rien à personne.

Cavendish fit claquer sa langue contre son palais.

— On ne se quitte pas, dit-il.

Le Rat émit un couinement aigu pour marquer sa désapprobation.

— Qu’est-ce que tu es venu faire à Eden ? demanda-t-il.

— Je n’ai pas encore décidé.

— C’est drôle, ton visage me dit quelque chose; on s’est déjà vus, non? Et tu connais la ville puisque tu sais te diriger.

Cavendish approuva de la tête, faisant Voler ses longs cheveux blonds.

— C’est oui aux deux questions. C’est toi qui m’avais fait passer. A l’époque, tu avais encore tes jambes.

— Ça fait un moment.

— Cinq ans, on était deux.

Au fur et à mesure que les deux hommes se rapprochaient du quartier de l’Aigle, l’architecture d’Eden, totalement baroque jusque-là, se modifiait.

Des coupoles monolithiques de marbre blanc succédaient aux flèches des cathédrales miniatures, à leurs immondes gargouilles, et de gigantesques panneaux lumineux, des néons ruisselants indiquaient la direction et l’entrée

des différents lieux de plaisirs. Une palette ahurissante, véritable catalogue géant de tout ce que l’homme avait pu inventer en matière de distractions, le merveilleux côtoyant évidemment le sordide.

Le quartier de l’Aigle bénéficiait de riverains aux sens moins exacerbés et baignait dans une atmosphère de nonchalante décadence.

Hommes et femmes y étaient également plus jeunes et plus beaux qu’ailleurs.

Il se dégageait cependant de l’ensemble une pesante impression d’uniformité et d’ennui, élevée au rang de philosophie.

Au centre du quartier, un aigle en or massif surplombait une immense piscine circulaire. Là, des centaines d’immortels aux corps parfaits étaient allongés sur des gradins de marbre blanc veiné de mauve. Quelques nageurs ondoyaient dans l’eau salée que les néons rendait fluorescente.



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