La pension du bord de mer, 10 : En souvenir de toi by Tamara McKinley

La pension du bord de mer, 10 : En souvenir de toi by Tamara McKinley

Auteur:Tamara McKinley [McKinley, Tamara]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman historique, WW2, Angleterre, Romance, Littérature australienne
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2023-03-02T13:05:28+00:00


Au lieu de se diriger vers L’Ancre, comme il l’avait d’abord prévu, Ron prit le chemin des collines. Harvey, qui courait devant lui, le museau au ras du sol et la queue faisant des moulinets, traquait l’odeur des lapins, des mulots et des campagnols.

Ron en voulait un peu à Peggy d’avoir pris à la légère sa blessure, mais il savait que l’air frais et le soleil ne tarderaient plus à lui rendre sa bonne humeur. Le vent était froid, mais le soleil, bas dans le ciel et très brillant, faisait scintiller la rosée. Il poursuivit sa promenade jusqu’à atteindre le sommet des falaises qui surplombaient la ville. Il contempla longuement la vue en silence.

Cliffehaven avait été marqué par la guerre, dans les rues familières se donnaient à voir des cratères de bombe et l’élégante promenade d’antan avait souffert. Ici et là des vestiges de maisons, d’hôtels, de magasins… Le site industriel vivait dans l’ombre des ballons de barrage chargés de le protéger, et de vilains barbelés et des batteries gâtaient la beauté du front de mer et de la baie.

Baissant les yeux vers la plage de galets, qu’on avait minée, Ron se souvint de ses jeunes années, lorsqu’il grimpait avec son père sur le bateau de pêche familial. Le bon temps…, songea-t-il. Les poissons abondaient, on trouvait aisément du travail et l’on avait de l’argent à dépenser. Après le décès de son père, Ron avait poursuivi la tradition et pris la relève avec ses fils, Jim et Frank.

Il alluma sa pipe, plongea les mains dans les poches profondes de son manteau de braconnier et regarda les eaux scintillantes de la Manche. Il y avait eu la Première Guerre mondiale, mais les hommes de la famille Reilly avaient survécu, au contraire de nombre de leurs camarades. Ron, alors, avait espéré que tout recommencerait comme avant. Mais Jim avait renoncé à la pêche et tourné le dos à la formation d’ingénieur qu’il avait obtenue dans l’armée pour devenir projectionniste au cinéma local. Frank, lui, demeuré pêcheur, avait repris le flambeau après le départ à la retraite de son père. Et voilà qu’une autre guerre avait éclaté, dont on sortirait changé.

Mordant le tuyau de sa pipe, il suivit du regard la rangée d’emplacements de canons, au sommet de la colline, puis baissa les yeux vers la petite crique : la baie des Tamaris. Il se trouvait là-bas cinq maisonnettes en bois posées sur un talus herbeux, au bout d’un chemin défoncé qui serpentait vers le rivage depuis la route principale. La dernière d’entre elles appartenait à Frank et Pauline, qui s’y étaient installés pour élever leur famille. En été, les tamaris se muaient en une mer ondulante et rose, piquée du jaune vif des ajoncs. Au fil des saisons, les galets, pour leur part, abritaient un jardin planté de salicornes, de lychnis et de crambe maritime. À d’autres moments de l’année, ces mêmes galets se couvraient cette fois de criste-marine, de campion de mer et de chou frisé, de glaucienne jaune et de trèfle étoilé.



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