John, chauffeur russe by Max Du Veuzit

John, chauffeur russe by Max Du Veuzit

Auteur:Max Du Veuzit
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Books on Demand


XXII

Aussitôt après le déjeuner, Michelle monta à sa chambre et, en hâte, revêtit une robe de ville. Elle en choisit une de soie noire dont les pans de la jupe et l’évasement des manches étaient doublés de rose. C’était discret et de bon ton.

– Tout à fait la robe désignée pour une visite à un officier ministériel.

La vérité, c’est que ce costume était le dernier venu, elle ne l’avait pas encore mis et, à l’essayage, elle avait constaté qu’il la parait délicieusement.

À deux heures moins dix, elle arrivait place de l’Étoile, ayant marché avec entrain. Elle n’avait pas l’habitude d’aller à pied et elle s’émerveillait de tous les regards qui convergeaient vers elle.

Pour arriver au pied de l’Arc de Triomphe, elle appuya un peu à gauche, ne voulant pas traverser la place sous le regard de John qui devait la guetter.

Elle le surprit, en effet, par derrière, mais ne le rejoignit pas tout de suite.

Arrêtée à quelques pas de lui, elle l’examina. C’était la première fois qu’elle le voyait en véritable tenue de ville et elle s’étonna de le trouver si élégant.

Il était en tailleur gris et chapeau mou de même teinte. Cravate, gants et chaussettes s’assortissaient si bien que Michelle demeura saisie devant l’élégance de ce simple chauffeur.

Où diable le jeune Russe pouvait-il avoir appris à s’habiller si bien et à porter la toilette avec tant de désinvolture ?

Une femme est toujours contente d’avoir un homme bien mis à ses côtés. La jeune millionnaire éprouva la même satisfaction. Mais, en elle-même, une gêne se fit jour.

John était trop bien mis !

De même qu’à cheval, le matin, au Bois, il paraissait être son égal, elle sentit que, vis-à-vis d’elle, ce jour-là, il n’aurait pas l’air d’être à ses gages.

Elle avait beau être élégante et vêtue d’une robe signée d’un maître couturier, John, dans son costume gris, pouvait marcher de pair avec elle : il était un véritable gentleman.

Elle remarqua que le regard des passants s’attardait sur lui. Il était un trop beau spécimen d’homme pour passer inaperçu et sa grande distinction faisait supposer quelque personnalité célèbre.

Debout, au pied du Soldat Inconnu, le jeune Russe paraissait cependant étranger à ce qui l’entourait.

Cette pierre, couverte de fleurs, semblait le fasciner et faire naître en lui des pensées sérieuses. Le pli de ses lèvres était grave et son teint pâle rendait son visage douloureux.

Parfois, il levait les yeux dans la direction de l’avenue Marceau. Puis, quand il avait constaté qu’aucune silhouette familière n’apparaissait, il retombait dans sa rêverie.

Espiègle, Michelle se demanda s’il serait amusant, pour elle, de le laisser poser là, longtemps. Combien de temps attendrait-il ainsi, posément, avant de s’impatienter ?

C’était tentant de lui jouer ce tour, mais une femme, qui avait déjà parcouru deux fois le terre-plein, revenait vers John.

Elle allait lentement, le dépassant, revenant...

La fille de M. Jourdan-Ferrières sentit que, si elle n’intervenait pas, cette inconnue équivoque, mais gentille et assez élégante, allait, sous un prétexte quelconque, aborder le trop joli garçon.

Cette pensée décida la jeune fille à s’avancer vers le Russe.



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