Là où le bonheur s'est envolé by Lisa Jewell

Auteur:Lisa Jewell [Jewell, Lisa]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Thriller, Littérature anglaise
Éditeur: Hauteville
Publié: 2023-06-13T22:00:00+00:00

Quand Beth revint de son jogging matinal et de sa visite sur la tombe de Rhys, elle comprit tout de suite qu’il se passait quelque chose. La voiture de Vicky était garée le long du trottoir avec le coffre grand ouvert, et les rideaux sur la façade avaient été tirés pour la première fois depuis des années. Elle approcha le visage des vitres du rez-de-chaussée pour regarder à l’intérieur, les mains en visière sur le verre sale. Elle vit les silhouettes de sa mère, son père et Vicky, en une masse à trois têtes au pied de l’escalier. Ils semblaient en pleine dispute. Elle observa, hypnotisée, pendant un moment. Vicky tenait une serviette de bain par un bout et sa mère par l’autre ; son père essayait d’empêcher sa mère de frapper Vicky. Vicky avait l’air exaspérée, et sa mère pleurait et ressemblait à une vieille sorcière, et tout autour d’eux se trouvaient des sacs-poubelle et des vieux vêtements et, mon Dieu, était-ce… ? Oui, c’était le vieil imperméable rose à pois de Beth, et le vieux duffle-coat de Meg, le gris avec de la fourrure sur la capuche, et il y avait aussi – elle dut plisser les yeux pour bien voir – sa vieille housse de couette, celle avec les carrés roses et bleus, celle qu’elle avait jetée quand toutes les pressions pour la fermer avaient fini par tomber. Que diable faisait-elle là ? Elle se souvenait, très distinctement, de l’avoir apportée au recyclage au magasin caritatif du village. Comment avait-elle pu refaire le chemin inverse jusqu’à la maison ? Elle entra discrètement par la porte de la cuisine et traversa la pièce sur la pointe des pieds en direction du couloir.

— Espèces de salopards ! entendit-elle sa mère hurler. Rhys utilisait cette serviette, vous savez. C’était sa préférée ! Elle porte encore son odeur, pour l’amour du ciel… sentez, bande de salopards, sentez !

Son père soupira et dit :

— Non. Je ne veux pas la sentir parce qu’elle sent le moisi. Comme tout le reste du contenu de ce sac. D’accord ? C’est moisi et ça pue et, tant que la maison sera encombrée de sacs pleins de vieilles serviettes qui puent, ce sera très difficile pour Vicky et les filles de vivre ici. Tu comprends ?

— Arrête de me menacer !

— Colin ne te menace pas, chérie, apaisa Vicky. Il est juste parfaitement honnête avec toi. Et c’est vrai. Si on ne parvient pas à trier ce bazar, ou du moins à accomplir de réels progrès dans cette direction, alors, eh bien…

Elle laissa la phrase en suspens avant de reprendre :

— Eh bien, je préfère ne pas y penser. C’est pour ça que c’est tellement important. Tellement incroyablement important. Et nous sommes plongés là-dedans depuis… presque deux heures, chérie, dit-elle en consultant sa montre, et tout ce que nous avons est un minuscule sac d’affaires qui vont quitter la maison. Il faut qu’on fasse mieux que ça, Lorrie. Il faut qu’on fasse beaucoup, beaucoup mieux que ça.

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