La Dessinatrice: 3 - Sœurs de Dessin (French Edition) by Audrey Marin-Pache

La Dessinatrice: 3 - Sœurs de Dessin (French Edition) by Audrey Marin-Pache

Auteur:Audrey Marin-Pache [Marin-Pache, Audrey]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2024-01-18T23:00:00+00:00


10

VA T-EN

— Je suis tellement désolée, balbutiai-je.

Encore pâle, Elphège traîna à répondre. Il se redressa, se tenant aussi loin que possible de moi, et commença par attraper sa chemise. Il l’enfila et la reboutonna aussi vite que possible. Ses mains tremblaient, et il peinait à rattacher chaque bouton.

Finalement, il leva les yeux vers moi. La peur que j’y lisais me transperça tel un poignard.

— Je sais que ce n’était pas à ton initiative.

Soulagée, je sentis le poids qui pesait sur ma poitrine s’alléger. Mais il enchaîna :

— Cependant, c’était tes yeux par moment. Et je sais que tu y as pris plaisir.

J’ouvris la bouche pour protester, mais il me coupa.

— Ne le nie pas. Je t’en prie, sois au moins honnête avec moi. Je sais ce que c’est de profiter d’une situation comme celle-ci. Il est facile de se dire qu’après tout, ce n’est pas nous qui avons voulu cela… Pour moi, c’était le système, j’étais obligée de ramener des magiciennes, et si elles s’offraient à moi pour améliorer leur sort, après tout, ce n’était pas vraiment ma faute ! Pour toi, c’est Shorah qui te pousse à agir… Mais dans mon cas comme le tien, nous sommes bien contents d’en abuser.

Mes joues me brûlaient. Je baissai les yeux, incapable de soutenir son regard. Il avait raison. Jamais je n’avais pris autant de plaisir auparavant.

— Tu as raison, avouai-je. J’en ai profité, moi aussi. Et je me dégoute pour cela, si tu savais !

— Shiren, regarde-moi.

Je n’en avais pas envie, mais il souleva doucement mon menton pour me forcer à plonger dans ses yeux.

— Serais-tu capable de lui résister, une autre fois ? Je ne parle pas en termes de magie. Mais je sais que vous échangez entre vous, et que ce n’est pas à toi qu’elle veut du mal. Au contraire. Si tu dis vrai, et qu’abuser de moi te met réellement si mal, elle ne t’imposera pas de le refaire. Est-ce le cas ?

Je détournai la tête, incapable de répondre. J’aurais tellement aimé pouvoir l’assurer que non, cela n’arriverait plus jamais ! Mais au fond de moi, je n’en étais pas sûre.

— Va-t’en, lui dis-je doucement.

Il ne bougea pas.

— Va-t’en, répétai-je, plus fort cette fois. Dégage du palais. Maintenant !

Ma voix se brisa sur ce dernier mot, et les larmes roulèrent sur mes joues. Ma respiration était difficile, le souffle me manquait. Je me relevai brusquement, manquant de m’étaler sur le parquet dans ma précipitation, et ramassai ma robe.

— Va-t’en ! hurlai-je franchement cette fois-ci.

Cette fois, Elphège réagit enfin. Il se leva à son tour et acheva de se rhabiller. Je restai dos à lui, incapable de le regarder. Au fond de moi, je sentis la présence de Shorah et la repoussai mentalement.

Pour une fois, elle n’insista pas.

— Où veux-tu que j’aille ? Toujours à Vartolia ? demanda Elphège.

— Je ne veux pas le savoir, répondis-je entre deux sanglots. Disparais. C’est ta chance, peut-être la seule. Tu as raison… j’ai profité de toi, de la situation. Et je me sens atrocement mal d’avoir agi ainsi. J’ai accepté



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