Hors de portée T1: Cœur itinérant by Jane Harvey-Berrick

Hors de portée T1: Cœur itinérant by Jane Harvey-Berrick

Auteur:Jane Harvey-Berrick [Harvey-Berrick, Jane]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance contemporaine
ISBN: 9782375741641
Éditeur: Collection Infinity
Publié: 2017-04-11T22:00:00+00:00


Son jean taille basse était très moulant et, vu comment les deux imbéciles se mirent à baver, il faisait son petit effet.

Elle avait les yeux rivés sur des papiers qu’elle était en train de lire.

— Bon boulot, les gars. On a fait du chiffre. Pour le prochain spectacle, mardi, je voudrais que…

Elle me vit enfin et se mit à sourire lentement.

— Je pensais que vous aviez compris les consignes : pas de salopes dans le camping-car.

Ma mâchoire se décrocha.

— C’est pas nous, Sorcha, dit Zef. C’est à Kes.

Elle semblait furieuse. Je la reconnus enfin.

Sorcha était devenue blonde et avait lissé ses beaux cheveux bouclés. Ils avaient l’air dans un sale état, maintenant. Les couleurs de ses tatouages étaient moins vives et elle avait enlevé ses piercings. Il y avait un autre changement : elle avait tuné sa carrosserie et se retrouvait maintenant avec deux énormes airbags.

Mon cerveau redémarra enfin.

— Sorcha ? C’est toi ? Je ne t’ai pas reconnue en blonde, mais c’est clair que tes manières ne se sont pas améliorées.

Kes nous regardait chacune notre tour, complètement perdu. Il se tourna vers moi.

— Mais tu m’as dit que tu avais parlé à Sorcha.

— Quoi ? Pas du tout.

— Mais si !

Kes commençait à s’énerver.

— Tu m’as dit qu’elle t’avait mise au courant pour Dono.

Sorcha pâlit et sa couche de fond de teint devint orange vif sur sa peau blanche.

— Je vois, dis-je. On s’est parlé, mais c’était il y a des années. C’est l’année où tu es parti. Je suis retournée à la fête foraine et je n’ai trouvé que Sorcha pour m’aider.

Kes plissa les yeux et se tourna très lentement vers Sorcha. Elle se lécha nerveusement les lèvres, se dandina.

— Sorcha ? Tu peux m’expliquer ce qui se passe ?

Zef et Tucker étaient aux anges. Ça devait être encore mieux que de la télé-réalité.

— Euh oui, bien sûr…

Elle tendit la main pour toucher son bras et il recula aussitôt.

— Maintenant, ordonna-t-il sèchement.

— Oh, bébé… minauda-t-elle.

— MAINTENANT !

Je sursautai et reculai moi aussi.

— Tu as mal compris, chouina Sorcha. Cette petite conne n’est pas ce qu’il te faut. Tout allait bien jusqu’à ce qu’elle se pointe. On est bien, tous les deux, non ? Bébé ?

Kes lança sa tasse de café qui se fracassa juste à côté de la tête de Sorcha, l’aspergeant de café froid et d’éclats de porcelaine. J’étais choquée même si je savais qu’il avait juste voulu lui faire peur – Kes était quand même un lanceur de couteaux hors pair. Il ne ratait jamais sa cible.

Sorcha lâcha un petit cri.

— Dis-moi la vérité, pour une fois ! cria Kes.

— Va te faire foutre ! Sans moi, tu ne serais rien ! Rien ! Je t’ai tout donné ! Sans moi, tu serais encore un petit forain illettré et minable. Tu me dois tout !

Kes lui saisit le bras – elle allait avoir des bleus – et la jeta hors du camping-car. Elle atterrit à quatre pattes dans la poussière.

Alors que je grimaçais, Tucker se tourna vers moi avec un grand sourire.

— T’en fais pas, ma jolie, ils passent leurs temps à se taper dessus. Ça les excite. Sorcha aime quand c’est sauvage, si tu vois ce que je veux dire.

Mon estomac se tordit dans tous les sens et je lançai un regard noir à Tucker. Il éclata de rire.

Kes se tourna alors vers lui, les poings crispés.

— Dehors ! Barrez-vous ! Tout le monde dehors !

Je me levai d’un bond du canapé pour fuir avec les autres. Kes était vraiment effrayant quand il était en colère.

— Aimee ? Reste, murmura-t-il.

Il me suppliait du regard sans pour autant me dire « s’il te plaît ». Il n’avait pas changé.

— Euh, d’accord.

Je me rassis dans le canapé, nerveuse alors que Kes faisait les cent pas, se passant sans arrêt la main dans les cheveux. Je crus qu’il allait se les arracher.

— Je n’en reviens pas… Cinq ans… grommela-t-il. Cinq putains d’années.

Il se laissa tomber à côté de moi et se passa les pouces sur les sourcils.

— C’est comme pour tes parents. Tu penses pouvoir faire confiance à quelqu’un et ils en profitent pour mieux t’enfiler.

Je ne dis rien. Je pensais qu’il était plus sage de me taire pour le moment. Kes était toujours aussi volcanique et, maintenant qu’il était adulte, je ne savais pas de quoi il était capable.

Il leva les yeux vers moi et je vis qu’il était apaisé. Pour l’instant.

— Quelle salope.

Il était amer. J’étais évidemment d’accord avec lui.

Mon téléphone se mit alors à sonner. Ce n’était pas le moment.

— Ça t’ennuie si je réponds ? C’est peut-être important.

Il ne prit pas la peine de me répondre et s’avachit contre un coussin, tournant son regard gris vers la fenêtre. Je plongeai la main dans mon sac et m’écartai.

— Désolée, Jen. Ça a pris plus longtemps que prévu.

— Tout va bien alors ? Dylan commence à fatiguer et tu sais qu’il peut être insupportable dans ces moments-là.

— Un vrai petit diable, hein ?

Elle eut un petit rire.

— D’accord, dis-je. J’arrive. Tu es où ?

— À ton avis ? Au stand de barbe à papa ! On essaie la couleur numéro quatre. Ou cinq. Je sais plus. Il va probablement tout vomir dans la voiture.

— J’ai hâte de voir quelle teinte ça va donner. Je suis là dans dix minutes.

Je raccrochai et lançai un regard désolé à Kes. Je m’en voulais de partir comme ça. La situation était encore plus confuse qu’avant.

— Tu dois partir, hein ?

— Désolée. Le devoir m’appelle.

— C’est normal, dit-il, l’air très sombre. Ton fils a besoin de toi.

Je cillai.

— Dylan n’est pas mon fils… C’est mon neveu !

Kes fronça les sourcils.

— J’ai cru que… C’est le fils de Jennifer ?

— Oui. Tu as vraiment cru que c’était moi, sa mère ?

— Vous aviez l’air vraiment proches.

Je souris.

— Dylan est génial. Il va me manquer quand je vais rentrer.

— Tu restes encore combien de temps ?

— Je ne sais pas trop. Certains de mes plans sont tombés à l’eau. J’aimerais bien passer du temps avec Jennifer et Dylan. Je dois aussi aller voir ma mère…

Cette idée me fit grimacer et Kes me regarda longuement.

— Tu vas toujours aller la voir après ça ?

— Oh que oui ! Elle va s’expliquer.

— Et ton père ?

Je secouai la tête.

— Ça fait deux ans que je ne lui ai pas parlé. Et quatre que je ne l’ai pas vu. Il a trompé ma mère et ils ont divorcé. Il ne fait plus partie de ma vie.

— Tant mieux, dit froidement Kes. Sinon, j’aurais été trop tenté d’aller le voir pour lui casser la gueule.

Il ne plaisantait pas.

Je jetai un œil à ma montre.

— Désolée, je vais devoir y aller.

Kes se leva.

— Je te raccompagne.

— Oh, répondis-je, surprise. Merci. Ça va m’éviter de me perdre.

Il m’ouvrit la porte du camping-car et sauta avant de me tendre la main pour m’aider à descendre.

— Merci, murmurai-je.

Il était aussi violent que galant, c’était très perturbant.

Il lâcha vite ma main et je fis comme si de rien n’était. Il était en couple, après tout. Une horrible pensée me vint alors.

— Donc Sorcha est ton manager ?

Il hocha la tête.

— Et c’est ta copine aussi ?

— Pas vraiment.

— Oh.

J’étais soulagée ? Vraiment ?

— Comme tu m’as dit que tu avais quelqu’un, j’ai cru que…

Je le vis me jeter un regard du coin de l’œil.

— On peut dire que c’est ta manager et que vous vous amusez de temps en temps ?

Il sourit, à peine, mais ne me répondit pas.

— Pourquoi tu te fais appeler Hawkins ? demandai-je en espérant obtenir une réponse, cette fois.

Le regard de Kes s’assombrit.

— Longue histoire.

Je me pinçai les lèvres et décidai de ne plus tenter de lancer la conversation.

Il dut sentir que j’étais contrariée, car il se mit à m’interroger sur ma vie à Boston.

— Tu n’es jamais allé là-bas ? demandai-je.

— Si, quelques fois. Mais c’était il y a longtemps. J’étais môme et on est allés du côté de Philly, Scranton, Albany… Je ne m’en souviens plus trop.

— Tu as tellement voyagé… Je m’étais promis de faire comme toi, mais je me suis contentée de faire des allers-retours entre le Minnesota et Boston.

Il n’ajouta rien et on arriva en vue du stand de barbe à papa où Jennifer et Dylan m’attendaient. Notre tête-à-tête était fini.

— Ça m’a fait du bien de te revoir, Kes. Je suis heureuse de voir que tu t’en sors bien. J’ai toujours su que tu deviendrais célèbre.

Il sourit, mais son regard resta sombre.

— Et toi, tu es prof. Comme tu l’as toujours voulu.

— Oui, tout a bien marché pour nous, dis-je en essayant de rester joyeuse.

J’étais triste de devoir lui dire au revoir.

Kes baissa la tête.

— On peut peut-être… se revoir ? Avant que tu ne rentres à Boston.

Il était hésitant. Il avait peur que je lui dise non.

— Ce serait génial !

J’étais un peu trop enthousiaste. Kes me fit son fameux sourire en coin et leva un sourcil.

Je me repris et lui donnai un coup de coude.

— Sinon, j’aurais dû revenir ici en cachette pour t’espionner.

Il éclata de rire et je vis enfin sa fossette. Mon cœur se mit à battre plus vite.

Kes secoua la tête, hilare.

— Allez, je vais te donner mon numéro.

Je lui donnai mon téléphone et il y enregistra ses coordonnées avant de s’appeler.

— Maintenant, j’ai ton numéro aussi.

Il me fit un clin d’œil alors que je souriais bêtement.

On s’approcha enfin du stand et je vis Jennifer écarquiller les yeux. Je la vis déshabiller Kes du regard et je n’aimais pas ça du tout. C’est alors que Dylan cria joyeusement.

— Tata Aimee ! On t’attend depuis des heures !

Je ris en le voyant me faire les gros yeux.

— Désolée, mais j’ai croisé un vieil ami.

Dylan vit alors Kes et couina.

— Le monsieur de la moto !

Kes sourit et, à ma grande surprise, il s’agenouilla dans la poussière pour se mettre à la hauteur de mon neveu.

— Ta tante m’a longuement parlé de toi. T’es vraiment un chouette neveu.

Dylan était tout intimidé et il alla se cacher dans les jupes de sa mère.

— J’aime bien ta moto, murmura-t-il. Quand je serai grand, j’en aurai une aussi.

— Ah oui ? demanda Kes en riant avant de se relever.

— En voilà un qui veut que sa mère finisse avec des cheveux blancs prématurément… soupira Jennifer avant de sourire à Kes. Contente de te revoir, Kes. Ça fait un bail.

Il avait l’air très surpris de la réaction de ma sœur. Il avait dû se dire que toute ma famille le détestait.

— Ben, merci.

Voir sa mère aussi détendue semblait donner des ailes à Dylan. Il dit :

— Tu pourrais venir chez moi avec ta moto pour que mes copains te voient ?

— Dylan ! le gronda gentiment Jennifer. M. Hawkins doit être très occupé…

Kes l’interrompit.

— J’ai des spectacles du mardi au dimanche, mais je peux passer après.

La mâchoire de Jennifer se décrocha et elle me regarda pour savoir quoi répondre. Je lui souris.

— Eh bien, dit-elle alors, ce serait chouette. On peut s’organiser pour la semaine prochaine…

— Je suis libre lundi.

— Super ! Je suppose qu’Aimee a ton numéro pour t’envoyer l’adresse ?

Kes lui sourit.

— Oui, je viens de le lui donner.

— Alors c’est réglé. Maintenant, je dois rentrer à la maison avant que Dylan ne se retransforme en citrouille.

— Maman ! grogna Dylan.

Je le vis quand même discrètement vérifier que sa peau n’était pas encore orange.

C’est là qu’arriva le moment inévitable où personne ne savait quoi dire, ou quoi faire de ses mains.

Ou de sa bouche. Kes se pencha vers moi et m’embrassa sur la joue. Mon enthousiasme retomba quand

Jennifer eut le droit au même traitement. Je jetai un regard mauvais à ma sœur alors qu’elle haussait les sourcils, surprise. Kes serra la main de Dylan.

— Occupe-toi bien d’elles.

Dylan acquiesça avec beaucoup de sérieux.

Kes me fit un clin d’œil et partit.

Jennifer s’éventait avec sa main. Oh mon Dieu !

— Je sais, je sais, lui dis-je en riant.

— Il a bien grandi.

— Mh, mh.

Elle me donna un coup de coude.

— On en reparle plus tard.

Le trajet de retour se fit dans le silence jusqu’à ce que Dylan s’endorme dans son siège auto. Il était penché en avant, comme une peluche qui venait de glisser. Son visage était encore tout rouge à cause du soleil et ses lèvres étaient entrouvertes.

— Il est tellement beau… dis-je.

— Tu parles de Kes ou du monstre endormi à l’arrière ? demanda Jennifer en souriant.

— Je parlais de ton fils ! Mais c’est vrai pour Kes aussi.

Elle marqua une pause.

— Tu ne veux pas me raconter comment ça s’est passé ? Parce que vous avez l’air de vous être retrouvés.

Je soupirai.

— Je ne sais pas trop par où commencer. C’était un peu étrange. Au départ, il n’était pas content du tout de me revoir, mais il m’a dit qu’il était venu me chercher à la maison, après que les parents m’avaient envoyée chez Tante Mon.

— Sans déconner !

— Eh oui. Il a volé la camionnette de son grand-père et il a fait tout le trajet jusqu’ici depuis la Californie. Selon Kes, papa lui a dit que je le détestais.

Je grimaçai. Jennifer avait l’air furieuse.

— C’est dégueulasse. Je n’en reviens pas qu’on soit du même sang que lui.

— Donc voilà, Kes était coincé dans le Minnesota, sans argent et sans endroit où dormir. Il n’avait que dix-sept ans. Il ne pouvait plus rentrer chez lui parce qu’il n’avait plus de quoi acheter de l’essence.

Alors papa l’a payé pour qu’il parte.

Les doigts de ma sœur se crispèrent sur le volant.

— J’y crois pas.

— Et attends, c’est pas le pire. L’été d’après, je suis retournée à la fête foraine et Kes n’y était pas. Tu te souviens ?

— Oui ?

— Mais j’ai fini par trouver cette fille qui faisait le spectacle avec lui. Sorcha.

— La garce ? demanda Jennifer.

— Oui, voilà, dis-je avec un rire amer. Eh bien ce jour-là, elle s’est foutue de moi. Elle savait où était Kes. Elle a même dû aller le voir après, j’ai pas tout compris ce qui s’est passé après ça.

— Mais quelle salope !

— Non, mais attends. Ensuite, quand ils se sont revus, elle n’a pas dit à Kes que je le cherchais. Donc depuis tout ce temps, il pensait que je le détestais et que je ne voulais plus le revoir. D’où l’accueil un peu froid d’aujourd’hui.

— Le pauvre ! Il doit être furieux contre Sorcha. Qu’est-ce qui s’est passé ensuite ?

Je ricanai, énervée.

— Elle, elle est devenue son manager. Elle est rentrée dans le camping-car alors qu’on discutait et Kes a pété un plomb. Il l’a jetée dehors, littéralement. Il était furieux. J’ai cru qu’il allait la fracasser contre le mur.

— Elle n’a pas cherché à se défendre ?

— Non ! Elle lui a dit qu’elle lui avait menti pour son bien, que je n’étais qu’un poids pour lui et sa carrière !

Jennifer secoua la tête.

— Quelle histoire. Je doute qu’ils puissent encore travailler ensemble après ça.

— C’est pas fini.

— Sérieux ? Mais tu vas finir par passer dans Confessions Intimes !

— Sorcha est un peu plus que son agent. Et visiblement, elle aime quand c’est bestial.

— Attends. Tu veux dire que…

— Ouais. Kes m’avait dit un peu plus tôt qu’il était avec quelqu’un.

Jennifer semblait incrédule.

— Voilà pourquoi je ne sais pas quoi penser de tout ça, Jen.

— Mais il a l’air pourtant de craquer pour toi, non ?

— Je ne sais pas trop. Il est avec Sorcha depuis un moment, apparemment. Il vient seulement de découvrir qu’elle lui a menti il y a huit ans. Ils vont vite se réconcilier, à mon avis.

Mon estomac se tordit à cette pensée.

— Je ne pense pas, dit Jennifer. Cette histoire est peut-être vieille, mais tu as dit qu’il a réagi très violemment en apprenant la vérité. Toi, par exemple, qu’est-ce que ça te fait de savoir que maman t’a menti ? De la part de papa, ce n’est pas étonnant, mais d’elle…

Je mordillai ma lèvre.

— Oh, tu peux être sûre que maman va en entendre parler. Je doute de réussir à garder mon calme, en revanche. Je ne vais pas être très diplomate.

— Maman est une cause perdue. Depuis que papa est parti, elle a complètement perdu la tête. Je ne sais pas si tu pourras en tirer quelque chose. Tu peux toujours essayer de lui parler, mais tu n’auras probablement pas de réponse.

— Tu as raison, mais j’ai besoin de lui dire que je sais. Je ne dis pas que fuir avec Kes quand j’avais seize ans aurait été une bonne idée. Mais on aurait au moins pu rester en contact tous les deux, ou se voir de temps en temps.

Jennifer fronça les sourcils.

— D’ailleurs, pourquoi tu ne lui as pas envoyé de lettre ou de mail après que papa a détruit ton téléphone ?

— Quand j’ai fini par lui écrire, c’était trop tard. Son grand-père est mort et…

— Oh, le pauvre…

— Je ne sais pas trop ce qui s’est passé après ça. Il n’a pas eu le temps de tout me raconter. Quand j’ai enfin envoyé une lettre, il avait déjà déménagé.

— Tu n’avais pas son adresse mail ?

— Kes n’avait pas d’ordinateur. Mais ce n’était pas ça le vrai problème.

— Alors quoi ?

J’hésitai. L’idée de révéler le secret de Kes ne me faisait pas plaisir, mais de l’eau avait coulé sous les ponts depuis.

— Kes est… sévèrement dyslexique. Il n’est jamais allé à l’école et personne n’était capable de l’aider alors…

— Oui ?

— Kes est illettré. Avec moi, il a pu apprendre quelques mots, mais il aurait eu besoin de voir des

spécialistes. Je doute que qui que ce soit l’ait aidé après ça.

Jennifer hocha la tête. Elle avait l’air un peu choquée.

— C’est pour ça que tu as voulu aider les enfants en difficulté ?

Je lui souris.

— Je suis pas très subtile, hein ?

— Quelle histoire !

— Et je ne sais encore pas tout.

Jen me rendit mon sourire.

— Eh bien, il avait l’air d’avoir hâte de venir nous voir la semaine prochaine. Tu auras peut-être la suite de l’histoire.

— J’espère.

— Je n’en doute pas.



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