Histoires remarquables - Les oiseaux by Guilhem Lesaffre

Histoires remarquables - Les oiseaux by Guilhem Lesaffre

Auteur:Guilhem Lesaffre [Lesaffre, Guilhem]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Nature, Animaux, Histoire
Éditeur: Delachaux
Publié: 2014-09-25T04:00:00+00:00


LA BOÎTE À OUTILS DU CORBEAU CALÉDONIEN

* * *

Les corvidés n’ont pas de chance, et singulièrement les corbeaux et autres corneilles. Leur plumage noir et leur voix discordante ne plaident pas pour eux. Leur intérêt, en bons omnivores nécrophages qu’ils sont, pour les cadavres et la fréquentation assidue des gibets n’ont fait, si l’on ose dire, que noircir le tableau. Et ce cher Alfred n’a rien fait pour l’amélioration de leur image en les montrant sous un jour agressif dans son film Les Oiseaux (1963). Voilà maintenant un demi-siècle qu’après avoir vu ce long-métrage éminemment angoissant, les spectateurs en conçoivent pour les corbeaux une aversion encore plus vive, s’il était possible. Pourtant, quels oiseaux passionnants !

Ils comptent parmi les plus étudiés en captivité, où ils font l’objet de multiples expériences comportementales. De telles études ont permis de déterminer que les corvidés disposent de deux caractéristiques rares dans le monde animal : la faculté d’anticipation et la conscience de soi. Ces particularités, qui ont permis de montrer que les oiseaux sont psychiquement bien plus évolués qu’on ne l’a longtemps cru, ont principalement été mises en évidence lors d’expériences menées sur des sujets captifs, et des observations dans la nature ont corroboré ces constatations.

Une première expérience concerne des corbeaux. On donne de la nourriture à l’un d’eux, dans une volière ouverte sur l’extérieur et munie de lucarnes. L’oiseau quitte la volière et va mettre de côté le bon morceau en l’enterrant, ainsi que le font volontiers les corvidés dans la nature. Il remarque toutefois que, par une lucarne, un congénère observe son manège et sait donc où est dissimulée la nourriture. Le second corbeau quitte son poste d’observation et s’apprête à sortir de la volière à son tour pour venir chiper le morceau enterré. Ce faisant, il ne peut plus voir l’extérieur durant les quelques secondes de son trajet. C’est justement le moment que choisit le premier oiseau pour déterrer prestement son trésor et aller le cacher ailleurs. Lorsque le voleur arrive à la cachette initiale, celle-ci est vide. Il est donc clair que le premier corbeau a anticipé la réaction de son congénère, ce qui l’a amené à adapter sa stratégie de dissimulation. Il s’agit là d’une observation menée sur des oiseaux captifs, mais les chercheurs estiment que ce schéma comportemental se retrouve à l’état naturel. Les ornithologues amateurs qui observent les oiseaux des parcs urbains notent des comportements analogues, par exemple chez des corneilles noires ou mantelées. De même, les corvidés sont connus pour leur aptitude à cacher de la nourriture dont ils tireront profit ultérieurement, notamment en hiver. Impossible, là, d’affirmer qu’il y a anticipation consciente. Mais même s’il ne s’agit que d’un comportement instinctif, il n’en reste pas moins que le taux élevé de récupération, par exemple de milliers de glands cachés par un geai, prouve à tout le moins une remarquable mémoire.

La preuve que certains oiseaux sont capables d’avoir conscience de leur propre existence a été apportée par une expérience d’éthologie cognitive menée en Allemagne, à l’université Goethe de Francfort.



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