Un grand Patron by Un grand Patron

Un grand Patron by Un grand Patron

Auteur:Un grand Patron [Patron, Un grand]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature française
Éditeur: Le livre de poche
Publié: 1951-01-01T05:00:00+00:00


CHAPITRE IV

LES GLANDES

« Je ne vois nulle race de gens si tôt malade et si tard guérie, que celle qui est sous la juridiction de la Médecine ! Les Médecins ne se contentent pas d’avoir la Maladie en gouvernement, ils rendent la santé malade pour garder qu’on ne puisse en aucune saison échapper leur autorité. D’une santé constante et entière, n’en tirent-ils pas l’argument d’une grande maladie future ? »

Montaigne

Essais.

L’après-midi fut plaisant.

Il y avait réunion à l’Académie de chirurgie en vue de diverses communications, notamment sur les glandes endocrines.

Devant une bonne vingtaine de princes de la Science et une quarantaine de seigneurs de moindre importance, Tannard dissertait – avec quelle complaisance ! – sur ce thème succulent :

« Les modifications de la perméabilité capillaire chez le chien décapsulé sous l’action combinée du Benzil-3-thio-2 uracile et du H. 687. »

Brandissant une longue baguette, il indiquait de temps à autre tel ou tel détail sur des images fixes qu’un appareil de projection du genre lanterne magique envoyait sur un écran.

Ainsi, le maître Tannard évoquait un peu un de ces bons vieux maîtres d’école de campagne montrant Le Havre, Cherbourg, Brest, sur une carte de géographie, ou descendant le cours du Rhône, ou soulignant le relief du Massif Central à l’aide d’une gaule de noisetier, bien pratique également pour cingler à distance les doigts ou les oreilles des écoliers inattentifs. (Et l’élève zélé qui s’était donné la peine de la choisir longue et souple, de la couper et de l’apporter n’était pas épargné pour autant !)

« Messieurs, vous connaissez l’importance croissante que l’on accorde actuellement à l’hyper-fonctionnement hypophysaire dans les différents syndromes endocriniens… »

Il y avait des attentifs. Il y avait aussi des distraits qui chuchotaient entre eux de tout autre chose que de la perméabilité capillaire chez le chien. Cela irritait Tannard.

Dommage de ne pouvoir, d’un bon coup de baguette, cingler, par exemple, les doigts ou l’oreille du professeur Roger de Lammenècle, chef de Service, Médecine I, à l’hôpital Cuvier !

« Cette interprétation des faits nous a amené à étudier des substances susceptibles de freiner l’activité de l’hypophyse. Parmi ces dernières, le H. 687, ou dibromophényl éthyl…

— Je m’excuse, coupait suavement Delage, je suis malheureusement bien loin d’avoir l’expérience biochimique de l’éminent professeur Tannard, mais je vois mal comment il pourra faire usage du H. 687 en chirurgie humaine !

— Je serais curieux de savoir pourquoi, mon cher collègue ? lançait agressivement Tannard.

— Tout simplement, mon cher Tannard, parce que, ainsi qu’il ressort du si intéressant détail de l’expérimentation qui a été récemment publiée par vos soins dans La Science médicale, les chiens ont certes vu leur perméabilité capillaire modifiée mais, malheureusement, après trois jours d’administration du médicament… »

Ici, pause savante. Dans l’attente de la flèche du Parthe, les sourires s’affûtaient.

Delage, enflant la voix et détachant bien les syllabes, reprenait :

« Après trois jours d’administration du médicament, les chiens ont tous fait des paralysies du train postérieur ! Convenez que cette disgrâce, déjà fâcheuse pour le chien – cet ami de l’homme



Télécharger



Déni de responsabilité:
Ce site ne stocke aucun fichier sur son serveur. Nous ne faisons qu'indexer et lier au contenu fourni par d'autres sites. Veuillez contacter les fournisseurs de contenu pour supprimer le contenu des droits d'auteur, le cas échéant, et nous envoyer un courrier électronique. Nous supprimerons immédiatement les liens ou contenus pertinents.