Gabriela, Girofle Et Cannelle by Jorge Amado

Gabriela, Girofle Et Cannelle by Jorge Amado

Auteur:Jorge Amado [Amado, Jorge]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Stock
Publié: 2014-10-14T16:00:00+00:00


Des anciennes méthodes

Mundinho Falcão avait finalement tenu la promesse faite au colonel Altino. Il était allé visiter ses fazendas. Non pas le samedi fixé, mais plus d’un mois après, et sur l’insistance du capitaine. Le percepteur attachait une grande importance à la conquête d’Altino et disait que s’ils le gagnaient, ils obtiendraient le ralliement de plusieurs fazendeiros qui hésitaient encore après la mise en train des études du chenal.

Il ne faisait aucun doute que l’arrivée de l’ingénieur contre le gré du gouvernement de l’État avait produit un impact et représentait un point marqué par Mundinho. La réaction même des Bastos, par sa violence, avec l’incendie d’une édition du Diário de Ilhéus, venait en apporter la preuve. Dans les jours qui suivirent, quelques colonels s’étaient présentés au bureau de l’exportateur pour lui déclarer leur solidarité et lui offrir leurs suffrages. Le capitaine alignait des chiffres sur une colonne et additionnait les voix. Connaissant les usages politiques en vigueur, il savait qu’une victoire acquise de justesse ne servirait à rien. La validation des députés par le parlement fédéral ou par celui de l’État, tout comme celle de l’intendant et des conseillers municipaux, ne pourrait avoir lieu que dans le cas d’une victoire brutale, écrasante. Et même ainsi la validation ne serait pas facile à obtenir. Pour cela, il comptait sur les amis de l’exportateur à l’échelon fédéral et sur l’influence de la famille Mendes Falcão. Mais il fallait l’emporter avec une marge assez large, sans quoi la partie ne serait pas gagnée.

Après les récents événements, le calme était revenu, du moins en apparence. Dans certains milieux d’Ilhéus, la sympathie pour Mundinho grandissait. Des gens s’effrayaient du retour des méthodes violentes avec l’incendie des journaux. Aussi longtemps que les Bastos feraient la loi, disaient-ils, on ne verrait pas la fin du règne des jagunços. Mais le capitaine savait que ces commerçants, ces jeunes des magasins et des entrepôts ne représentaient qu’un petit nombre de voix. La majorité des suffrages appartenait aux colonels, surtout aux grands fazendeiros, propriétaires de districts entiers, compères de tas de gens et, en conséquence, maîtres de l’appareil électoral. C’étaient ceux-là qui décidaient.

La maison du colonel Altino Brandão, à Rio do Braço, se trouvait à côté de la gare. Entourée de vérandas, les murs couverts de plantes grimpantes, elle s’élevait entre un jardin garni de fleurs de toutes sortes et un enclos planté d’arbres fruitiers. Mundinho fut surpris et se demanda si le percepteur n’avait pas raison d’affirmer que ce fazendeiro, par son esprit ouvert, était à Ilhéus un personnage exceptionnel. Dans cette région ne s’était pas conservée la tradition des confortables maisons de maître des plantations de canne à sucre avec leur luxe et leur raffinement. Au milieu des cacaoyères ou dans les villages, les demeures des colonels manquaient parfois des commodités les plus rudimentaires. Dans les fazendas, elles reposaient sur des pilotis et au-dessous dormaient les porcs, ou bien la porcherie était toujours située à proximité pour prévenir les attaques des innombrables serpents au venin mortel. Les porcs les tuaient, protégés contre le venin par l’épaisse couche de graisse qui les enveloppait.



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