Frangipanier by Célestine Hitiura Vaite

Auteur:Célestine Hitiura Vaite [Vaite, Célestine Hitiura]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman
ISBN: 9782915654035
Éditeur: Au vent des îles
Publié: 2006-05-13T22:00:00+00:00

20. Au confessionnal

Cinq jours par semaine, assises à leur table de cuisine, Māmā George et Loma discutent ce qu’elles ont vu de leurs propres yeux au bord de la route ou devant le magasin chinois, ou ce qu’elles ont entendu de leurs propres oreilles, au bord de la route ou devant le Chinois. Mais le week-end c’est différent.

Le dimanche, elles discutent ce qu’elles ont vu de leurs propres yeux et entendu de leurs propres oreilles devant l’église, avant et après la messe.

Et le samedi, jour de la confession, Māmā George et Loma discutent de chacun des fēt’ii qui est resté dans le confessionnal plus de dix nutes.

Et puisque seul Père a le droit d’entendre les confessions, Māmā George et Loma doivent se contenter de rester assises au fond de l’église et de chronométrer le temps de passage de chaque fēti’i dans le confessionnal. C’est Loma qui fait le chronométrage. À la seconde où le pécheur entre dans le confessionnal elle regarde sa montre, et à la seconde où le pécheur sort du confessionnal, elle regarde à nouveau sa montre. Puis elle se penche vers sa mère et elle murmure : « Dix-sept nutes quarante-quatre secondes ». Ou bien : « Onze nutes cinquante-deux secondes. » Ou encore : « Deux nutes vingt-huit secondes », etc.

Sa mère opine. Elle, son boulot c’est de regarder comment le pécheur (plus souvent la pécheresse) entre dans le confessionnal et comment il (plus souvent elle) sort du confessionnal. Elle observe l’expression du corps et du visage, et quand il y a des larmes qui ruissellent sur les joues du pénitent (plus souvent de la pénitente), Māmā Georges secoue la tête d’un air désapprobateur.

Bref, voilà ce que Māmā George et Loma font le samedi matin. Elles jouent aux détectives dans l’église, où personne ne peut leur dire de s’en aller. Elles sont les preères à reconnaître que, c’est triste à dire, leur falle est pleine de pécheurs (et surtout de pécheresses).

Alors, quand une femme reste dans le confessionnal plus de dix nutes, Māmā George et Loma déclarent qu’elle a fait des bêtises. Si la femme a un homme, c’est qu’elle en voit un autre, si elle n’a pas d’homme, c’est qu’elle voit un homme marié.

Et si une jeune fille reste dans le confessionnal plus de dix nutes, ça veut dire qu’il y a un garçon à l’horizon. Māmā George et Loma croient fermement que ça ne prend pas dix nutes pour confesser que tu as dit du mal de ta maman, que tu lui as fait la grimace derrière son dos, que tu lui as emprunté quelque chose sans demander la perssion. Des péchés comme ça, il n’y a pas de problème avec Père. Il va te dire : il ne faut plus faire ça, c’est pas très gentil, et il te renvoie avec son absolution, sa bénédiction et un petit sourire.

Les péchés mortels, en revanche, les péchés de chair et de concupiscence, les filles qui sortent par la fenêtre au lieu de la nuit pour

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