Faire l’amour avec Dieu by Catherine Clément

Faire l’amour avec Dieu by Catherine Clément

Auteur:Catherine Clément [Clément, Catherine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2016-12-23T00:00:00+00:00


Christine de Saint-Trond, née en 1150 dans l’actuelle Belgique, n’entra jamais dans un couvent. Christine était bergère et, comme Jeanne d’Arc, face au grand ciel ouvert. Elle contempla ce ciel divin pendant de si longues heures qu’elle oublia de manger et mourut en 1182. Ne serait-ce que cela, sa biographie tiendrait en quatre lignes. Mais l’extase de Christine commença au cercueil, qui n’était pas fermé. Pendant l’Agnus Dei, la jeune morte frémit, se dressa debout, prit son envol dans le chœur de l’église et se posa sur une poutre, comme une aigrette.

Panique dans l’église. Les fidèles sortirent en courant. Restaient le prêtre et l’une des sœurs de Christine, la morte envolée. Le prêtre décida de terminer sa messe, puis il ordonna à la morte de redescendre, ce qu’elle fit tout soudain, ayant recouvré la parole. Dieu, disait Christine, lui avait donné le choix. Soit elle demeurait avec lui en « nageant dans un océan de gloire », soit elle partait en mission sur la terre pour souffrir et libérer les âmes du purgatoire. Alors, selon Christine, Dieu la reverrait avec des mérites amplifiés. Visiblement, elle avait choisi la mission de souffrance. Rien ne lui fut épargné. Vie austère et pieuse, nuits de mortification, vie solitaire dans les forêts, où elle aimait à se nicher au sommet des arbres… ou parfois sur un toit, une tour, perchée pour méditer. Mais tout cela ne la faisait pas assez souffrir au regard de la mission divine qu’elle avait acceptée.

Christine se jeta donc dans des fours brûlants, ou bien dans les âtres des cheminées quand le feu y était allumé, ou se plongeait dans une chaudière, ou s’ébouillantait par plaisir. L’hiver, elle sautait dans les eaux glacées et y restait des nuits entières. Pour souffrir, Christine avait de l’inventivité. Se placer sous les roues des moulins à eau en plein gel, dos et jambes cassés par les pales de bois. Se pendre à une potence pour souffrir l’agonie de la strangulation. Et, bien entendu, coucher avec les cadavres dans des cercueils qu’elle profanait gaiement.

Cela ne plaisait pas aux gens. Ils l’attachèrent à un billot avec des chaînes de fer, mais les chaînes se brisaient toutes seules. On recommença ; elle s’échappa encore. On l’enferma dans une cave, on l’enchaîna, l’homme qui l’avait rattrapée dans la forêt lui avait brisé une jambe à la massue, mais Dieu la délivra. Elle se remit à courir, à voler, à se percher sur les toits. Était-ce l’action de Dieu ou celle d’un démon ? La question fut posée. Christine aurait pu être jugée, brûlée, mais pas du tout. Le cardinal Jacques de Vitry se déplaça pour l’observer et ne l’accusa pas de sorcellerie. Les gens de Liège se mirent en prières pour que Dieu accepte d’en finir avec sa force physique extraordinaire, sa passion de la brûlure, de la noyade, des membres broyés sous la roue des moulins à eau.

Puis, un jour, elle entra en courant dans l’église de Wellen et s’immergea dans les fonts baptismaux. Dieu avait exaucé les gens de la région.



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