Enchantment of Ravens by Margaret Rogerson

Auteur:Margaret Rogerson [Rogerson, Margaret]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
ISBN: 9782362317088
Éditeur: Bragelonne
Publié: 2021-08-31T22:00:00+00:00

Chapitre 12

Le sol tressé se mit à cascader vers le bas, en commençant juste devant mes pieds. De minces bouleaux jaillirent de terre à la rencontre de l’escalier en cours de formation, créant d’élégantes arches de soutien et déployant leurs branches pour dessiner des balustrades.

En l’espace de quelques secondes, je me retrouvai en haut d’un large escalier courbe, plus grandiose que celui d’un palais, qui descendait sur l’équivalent de quatre ou cinq étages. Au bas des marches, une foule nous attendait. Agenouillé dans l’herbe, Mouche se tenait au milieu du demi-cercle dessiné par les courtisans, et ses cheveux scintillaient d’un éclat argenté dans le soleil. Je le vis se relever, examiner le bout de son index, puis le porter discrètement à ses lèvres pour en sucer le sang. Il avait créé cet escalier avec rien de plus qu’une seule goutte de son sang.

Mon pouls s’emballa. Et si la crainte horrible qui venait de me saisir semblait injustifiée, voilà que j’avais largement de quoi la remplacer. Il y avait ici encore plus de faés que je n’en avais vu sur la prairie lors de notre arrivée, et même si Corneille à mon côté était un prince de leur peuple, c’était d’abord moi qu’ils étaient venus voir. Tous portaient des tenues raffinées dans les tons délicats d’un jardin printanier – nuances pastel de rose, de vert, de bleu et de jaune –, qui resplendissaient de broderies de fil d’argent et de boutons de nacre, sans parler de leurs bijoux qui scintillaient d’un éclat comparable à celui de leurs yeux immortels. Je savais que j’aurais pu passer des heures à les observer sans jamais remarquer un ongle cassé ou une mèche folle dans leur coiffure. Et je savais également que chacun d’eux pouvait me tuer aussi facilement, et aussi négligemment, qu’il aurait brisé une tasse à thé.

D’un signe de tête, Mouche nous invita à le rejoindre.

Un pied après l’autre. C’était aussi simple que cela. Et pourtant, la descente me parut prendre des minutes plus que des secondes, et la foule attendait dans un silence si parfait que le seul bruit que j’entendais était le susurrement de l’étoffe de ma robe glissant sur les marches derrière nous. Plus nous nous rapprochions, et plus l’aspect irréel de la foule des faés se renforça. L’absence de la moindre imperfection, qui d’ordinaire ne suscitait en moi qu’un sentiment de malaise léger en présence d’un ou deux faés, me causait face à un si grand nombre une véritable frayeur ; j’avais l’impression d’être sous le feu des regards d’une armée de poupées vivantes.

Dès que mon pied se posa sur l’herbe, un délicat carillon de rires, de soupirs et de conversations chuchotées s’éleva de l’assistance. Puis les présentations commencèrent.

Quand Mouche se retourna, les faés au premier rang jouèrent des coudes et une femme aux yeux noisette saisissants sortit victorieuse de la lutte. Elle remit en place son chapeau avec un sourire royal et s’avança pour poser la main dans celle que Mouche lui tendait. Elle portait une robe lilas

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