Complot à Versailles by Jay Annie

Complot à Versailles by Jay Annie

Auteur:Jay,Annie [Jay,Annie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Éditeur: Hachette
Publié: 2011-04-26T22:00:00+00:00


*

* *

Elle regarda la pauvre chose recroquevillée dans le lit, jaune comme un coing, desséchée comme une momie. Elle s’empara d’une longue main glacée au pouls indistinct.

— Qu’a-t-elle bu depuis deux jours ?

— Rien, bien sûr. Le médecin l’a interdit, afin que l’eau ne se transforme pas en mauvais sang dans son corps, expliqua la garde-malade.

— Faites apporter du bouillon, il faut qu’elle boive.

— Mais le médecin…

— Faites ! ordonna la reine dans son dos.

— Qu’a-t-elle mangé avant d’être malade ? continua Cécile.

— Rien de particulier. Elle a mangé une omelette au lard et… des sardines marinées. On a dû glisser le poison dans son eau de Vichy !

— Des sardines ? par cette chaleur ?

— Oui. Elle était ravie, car c’était de vraies sardines espagnoles, pêchées il y a à peine huit jours !

— Il faut être fou pour manger des sardines vieilles de huit jours ! Pas la peine de parler de poison, les sardines suffisent, je vous assure !

— C’est vrai qu’elles sentaient un peu… fort, admit la garde-malade.

Un laquais arriva avec le bouillon. La jeune guérisseuse entreprit de desserrer les lèvres gercées de Mendoza, toujours inerte, pour le lui faire boire. La malade geignit un peu, mais commença à déglutir péniblement.

Après quelques cuillerées, elle ouvrit les yeux. Puis un sourire béat aux lèvres, elle commença à parler en espagnol, d’une faible voix :

— Je suis au paradis, doña Maria Luisa ?

— Pauvre femme ! reprit la garde-malade. Voilà qu’elle délire !

Mendoza serra la main de Cécile et l’observa de ses yeux éteints.

— Calmez-vous, répondit doucement la jeune fille en espagnol. Il faut vous reposer.

La reine se pencha sur sa confidente pour lui tamponner le front d’un linge humide.

— Guéris vite, mon cœur… Que ferais-je sans toi ? lui dit-elle dans sa langue maternelle.

Puis elle se tourna vers Cécile :

— Bien sûr, c’est à cette chère doña Maria Luisa que tu ressembles ! Enfin, quand elle était jeune. Elle est morte depuis bien longtemps.

Mendoza lâcha la main de Cécile et agrippa avec un sanglot la médaille qui pendait au cou de la jeune fille.

— Oh ! vous avez toujours le cadeau du roi…, poursuivit-elle dans son délire. Avec les armes de votre…

— Vous faites erreur, Mendoza, la coupa Cécile en français, affolée par ses divagations. Je m’appelle Cécile Drouet.

Elle arracha le bijou des mains de la malade et le rentra précipitamment dans son corsage.

— Cécile Drouet, répéta-t-elle comme pour s’en convaincre.

À la porte de la chambre, Héloïse, tout sourire, se dit qu’il y avait peut-être là matière à s’offrir une fontange neuve…



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