Captifs au paradis by Carlos Marcelo

Captifs au paradis by Carlos Marcelo

Auteur:Carlos Marcelo [Marcelo, Carlos]
La langue: fra
Format: epub
ISBN: 9782072792564
Éditeur: Gallimard
Publié: 2019-05-22T22:00:00+00:00


Le commissaire fouillait encore dans les fichiers de l’ordinateur de Dias Nunes lorsque la sonnerie de son portable l’interrompit. Il reconnut le numéro de l’administration générale de l’île. Contrarié, il répondit et avertit la secrétaire :

— Je ne peux pas parler, là, je l’appelle dans dix minutes. Non, ce n’est pas possible d’y aller maintenant. Oui, j’appelle, t’inquiète pas.

Bon, maintenant les ennuis allaient commencer : les autorités voudraient connaître les détails de l’enquête. Il copia ce qu’il put sur la clé USB : les fichiers affichés sur l’écran d’accueil et une partie du dossier « Mes documents ». Il lui faudrait revenir pour vérifier s’il n’avait pas oublié quelque chose d’important. Il éteignit l’ordinateur, prit la clé USB, verrouilla la porte et mit la clé dans sa poche.

En sortant de chez le militaire, le commissaire fut abordé par un des enfants qui jouaient au foot sur la petite place.

— Salut, Nelsão ! Tu viens ici parce que le colonel est mort ?

— Tu es trop curieux, Betinho.

— Bon Dieu ! Tu crois que personne n’est au courant ? On ne parle que de ça à l’école.

— À l’école ?

— Oui, le professeur Orlando, le directeur. Tout le monde. Le prof a dit que c’était dommage que le colonel n’ait pas vécu davantage pour payer pour la mort du docteur Jaime.

— Tu as tout entendu ?

— Sûr. J’aime bien savoir ce qui se passe, ce qui s’est passé, ce qui va se passer. Je serai journaliste, j’te l’avais pas dit ?

— Journaliste ? Pipelette, plutôt, c’est ça que tu seras, Betinho. Tu l’es déjà !

Le garçon se mit à rire et shoota dans le ballon que lui avaient envoyé ses amis.

— C’est juste que je sais pas pourquoi le prof a dit ça du colonel, poursuivit Betinho. Il était colérique, très colérique. Il fulminait toute la journée, il disait qu’il ne voulait pas nous voir jouer au ballon par ici, il avait peur qu’on casse ses vitres.

— C’est pour ça. Personne ne supportait le colonel, c’était difficile de parler avec lui, même.

— Oui. Mais ça m’a contrarié d’apprendre qu’il est mort.

— Contrarié ?

— Tu vois le toboggan ? dit Betinho en montrant du doigt l’aire de jeux. C’est le colonel qui l’a construit. Il nous a demandé de l’aider à porter un arbre tombé sur la route, l’a mis dans son garage, l’a coupé, peint, et puis il l’a mis là-bas. Il réparait la balançoire, huilait la chaîne pour pas qu’elle rouille. Il nous donnait des vitamines, il disait qu’il ne voulait voir personne malade. Il disait que la maladie c’est pas pour les enfants, c’est pour les vieux. Une fois, il a appelé ma sœur, lui a donné une boîte de cachets et lui a dit : « Tu me promets que tu ne vas pas attraper la grippe ! Je ne veux pas te voir aller à l’hôpital ! » Ça nous faisait rigoler !

— Le colonel ? Qui prenait soin de vous ? Tu te moques de moi.

— J’te jure ! Tu peux demander aux autres.



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