Alone by Scott Sigler

Auteur:Scott Sigler [Sigler, Scott]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Jeunesse
Publié: 2017-06-07T22:00:00+00:00

Chapitre 36

Je n’arrive pas à croire qu’il est réel.

— Bonjour, ma puce, dit mon père avec un sourire.

Au son de sa voix, j’ai le souffle court et mes jambes semblent se dérober. Je m’appuie contre la paroi du tunnel pour ne pas m’écrouler.

« Ma puce. »

C’est ainsi qu’il m’appelait, ou plutôt, qu’il appelait Matilda… Qu’il nous appelait.

Je sais qu’il n’est pas mon père au sens propre du terme. Matilda, elle, est née, alors que, moi, j’ai éclos. Pourtant, au plus profond de notre être, nous sommes une seule et même personne. Et cette créature est donc reliée à moi par une connexion si profonde que peu importent nos origines respectives.

C’est bien mon père. Est-il le fruit de mon imagination ?

— Huan, que vois-tu ?

— Un homme, me répond-il, presque aussi abasourdi que moi. Moustachu, les cheveux noirs.

— Félicitations, ma puce, reprend mon père. Nous savons que beaucoup n’ont pas survécu jusqu’ici. C’était prévisible, seuls les plus forts survivent… et il faut encore davantage de force pour fusionner.

Quelle folie !

— Tu es mort, répliqué-je d’une voix brisée. Depuis près de mille ans.

— Imagine-moi comme l’écho d’un parent inquiet, en quelque sorte, continue-t-il avec un sourire chaleureux et aimant. À peine différent du souvenir dans ton esprit qui me permet d’adopter cette forme.

Il serait donc un souvenir ?

— Peux-tu lire dans mes pensées ?

— Pas comme tu l’entends, répond-il. Je puise dans tes expériences pour revêtir l’aspect d’un être qui t’est cher.

Je ne vois pas de différence entre lire dans mes pensées et parcourir mes souvenirs…

Toutes les angoisses et désillusions de mon passé semblent s’être mêlées et modelées pour créer cette apparition de mon père dans le présent. J’ai si souvent rêvé de le rencontrer… Et maintenant, il est là, sans être réel – tout ça est bien cruel.

Au fond de moi, malgré tout, je me réjouis que « l’Écho » n’ait pas choisi O’Malley. Je ne suis pas sûre que j’aurais pu le supporter. Et il aurait pu prendre l’apparence de ma mère, mais j’aurais été incapable de la reconnaître : je ne connais pas son visage.

Suis-je en train de perdre l’esprit ? Amour, haine, terreur et fureur meurtrière… Je suis frappée de plein fouet par un tourbillon d’émotions qui m’emporte et m’aveugle, m’empêche de réfléchir.

— Em ! chuchote Huan. Em, parle-moi.

Mes doigts se crispent sur le manche de mon poignard. Je dois me concentrer afin de trouver des réponses.

— Il y a très longtemps, mon peuple a capté un signal, dis-je.

— « Longtemps » est un terme bien relatif, ma puce, me répond mon père avec un haussement d’épaules.

— Arrêtez avec ce surnom !

Je ne suis pas certaine qu’il soit palpable, pourtant, je dégaine mon poignard pour le menacer.

— Est-ce vous qui avez envoyé cet appel ?

— C’était moi, oui, mais pas pour mon compte. Je te l’ai dit, je ne suis qu’un écho. Je ne suis pas réel. Vous connaissez un être qui m’est semblable… Il s’appelle… Comment déjà ? Ah, oui, Ometeotl.

L’ordinateur de l’Observatoire.

— Vous êtes une machine ?! s’exclame Huan.

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