A moi la nuit, toi le jour by Beth O'Leary

Auteur:Beth O'Leary [O'Leary, Beth]
La langue: fra
Format: epub
Amazon: B084T67PJW
Éditeur: Fayard/Mazarine
Publié: 2020-03-05T00:00:00+00:00

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Tiffy

Je ne sais pas ce qui m’a pris de m’épancher comme ça. Sur les petits mots que je laisse à Leon, je n’ai jamais rien dit du retour brutal de ces souvenirs ou de ma décision de consulter un psy – ces notes sont pour moi un moment de quiétude et de détente que je n’ai aucune envie de gâcher avec toute cette noirceur liée à Justin. Mais, maintenant qu’on se trouve face à face, lui parler de ce qui m’occupe l’esprit me semble naturel. Avec Leon, j’éprouve cette sensation d’être écoutée sans être jugée qui donne envie, vous savez… de se confier.

On se laisse doucement glisser dans le silence tandis que le train file en rase campagne. J’ai l’impression que Leon aime cette paix : pas de malaise quand la conversation vient inévitablement à se tarir, car le silence semble faire partie de sa nature. C’est curieux, parce que quand il parle, il est présent, intéressant, avec cette façon à la fois réservée et intense qu’il a de s’exprimer.

Je profite qu’il a le visage tourné vers la fenêtre, ses yeux plissés filtrant les éclats du soleil, pour l’observer à la dérobée. Il a un côté débraillé avec son vieux T-shirt gris, et quelque chose me dit que ce collier en corde ne doit pas souvent quitter son cou. Je me demande ce qu’il signifie pour lui. Leon ne semble pas être le genre d’homme à porter un bijou ou un accessoire de mode, sinon pour des raisons sentimentales.

Il surprend et soutient un instant mon regard. Un papillon a dû s’endormir dans mon ventre, et voilà qu’il se réveille. Soudain, le silence n’est plus aussi confortable.

– Comment va monsieur Prior ? dis-je à brûle-pourpoint.

Leon semble pris au dépourvu.

– Monsieur Prior ?

– Le tricoteur aux doigts de fée qui m’a sauvé la vie. Je l’ai rencontré, quand je suis venue à Saint-Marks. Tu sais, le soir où tu étais occupé à m’éviter…

– Ah…

Il se masse la nuque et contemple ses genoux, puis relève les yeux avec un petit sourire bancal qui s’efface si vite que j’ai failli ne pas le voir.

– Ce n’était pas très glorieux de ma part.

– Hum…, fais-je en composant un visage outrageusement sévère. Est-ce que je te fais peur, Leon ?

– Un peu.

– Un peu ! Pourquoi ?

Il déglutit et repousse les mèches qui lui barrent le visage. Il a l’air tout nerveux, d’un seul coup, et c’est parfaitement adorable.

– Tu es très…

Sa main trace une arabesque dans l’air.

– Exubérante ? Envahissante ? Fantasque ?

Leon secoue la tête avec une petite grimace.

– Non… Ce n’est pas ce que je voulais dire.

J’attends.

– Écoute, reprend-il, est-ce qu’il t’est déjà arrivé d’avoir tellement envie de lire un livre que tu n’arrives pas à l’ouvrir ?

– Oh, absolument. Ça m’arrive tout le temps. Si j’avais une once de retenue, je n’aurais jamais été capable de lire le dernier tome de Harry Potter. L’attente était douloureuse. Je me posais un tas de questions, genre : et s’il n’est pas à la hauteur

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