À dos d’oiseaux by Sarah Marquis

À dos d’oiseaux by Sarah Marquis

Auteur:Sarah Marquis [Marquis, Sarah]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman Contemporain
Éditeur: Michel Lafon
Publié: 2021-02-25T11:09:05+00:00


Le cheval évolue habilement sur le terrain accidenté et escarpé malgré l’obscurité et la surcharge de poids que représente Pumilla. Ils progressent en silence durant de longues heures pour accéder au sommet de la crête où l’homme décide d’arrêter sa monture. Il en descend le premier, mais à peine a-t-il touché le sol que Pum l’imite sans difficulté. Il attache son cheval et grimpe au sommet du rocher qui marque le point le plus haut avec une agilité surprenante aux yeux de Pumilla, qui le suit. Il scrute l’horizon, l’air inquiet ; la Lune dévoile sur des dizaines et des dizaines de kilomètres carrés un Gobi qui semble dormir, la visibilité est surprenante, quasiment infinie. En contrebas les moindres dépressions au sol sont marquées par une ombre. Le temps semble s’être arrêté sur ce spectacle d’une beauté intemporelle. Pensive, Pumilla passe ses doigts sur le médaillon qui n’a pas quitté son cou. Elle ne comprend pas encore le sens de tout cela, mais son intuition est forte et claire et cela lui suffit pour le moment. Elle a appris avec les années à faire confiance à son instinct et aux sensations qui lui parcourent l’échine. Mais sont-elles liées à son attirance physique presque organique ? Elle n’a pas le temps de répondre à ces interrogations : soudain le rapace arrive de nulle part et se pose à côté d’eux. Il replie ses ailes au repos et, comme une réminiscence, Pumilla entend de nouveau la voix de l’homme à la longue barbe en Inde : « Tes alliés sont ceux qui ont besoin du vent pour s’élever, de liberté pour vivre. »

« Les oiseaux, encore… C’est une évidence », murmure-t-elle.

Le visage de l’homme à la tunique noire s’éclaire.

– Je m’appelle Amgar, dit-il avec un sourire qui désarmerait un bataillon, je viens d’une longue lignée de chefs bédouins.

– Pumilla, juste Pumilla, répond-elle bêtement.

Elle aimait mieux quand il ne parlait pas, sa voix grave la fait frissonner… et ce n’est pas de peur. Elle ose à peine le regarder.

« Mon Dieu, mais ressaisis-toi, Eve Isquarm ! » Elle se mord la lèvre inférieure en espérant ne pas avoir parlé à haute voix.

Il la contemple, et sans baisser le regard retire lentement le tissu qui lui cache le visage et la tête, laissant apparaître de longs cheveux noirs qui brillent sous l’éclat de la Lune. Sa présence crée comme un brouillard dans la tête de Pum, elle n’arrive plus vraiment à se concentrer, pourquoi est-il si, si ?… Elle s’avance tout au bord du promontoire rocheux pour prendre l’air et regarde le vide en dessous d’elle ; le léger vertige qu’elle éprouve l’incite à s’accroupir comme elle le fait dans la nature, en coinçant un pied sous son poids et en prenant appui sur l’autre. C’est une position dans laquelle elle peut rester des heures sans effort. Sous le regard de l’oiseau qui l’observe toujours, elle a une sorte d’étourdissement, comme souvent quand elle passe dans un état second, et elle doit fermer ses yeux pour mieux contrôler cette sensation.



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