10 jours en terre ceinte by Bernard Bloch

10 jours en terre ceinte by Bernard Bloch

Auteur:Bernard Bloch
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Magellan & Cie Éditions
Publié: 2017-12-01T00:00:00+00:00


SAMEER, ACTIVISTE DU COMITÉ DE RÉSISTANCE POPULAIRE PACIFIQUE

Face à nous, un beau jeune homme de 30 ans, vigoureux, cheveux courts, barbiche. Il est cultivateur. De champignons, je crois. C’est un jeune homme de son temps, déterminé et combatif. Il se sert des outils de la modernité, ceux de l’ennemi, hors de tout romantisme passéiste, victimaire ou nostalgique. Des types comme ça me plaisent. Ils ne se plaignent pas, ils portent plainte, comme dit l’ami Jack Ralite.

« Le mur défigure notre pays et pourrit notre quotidien, nous dit-il. Les colonies illégales volent nos terres et réduisent notre territoire en parcelles discontinues et difficilement exploitables. Au nom de la lutte contre les “terroristes", on déracine des arbres, on détruit des maisons. C’est une terreur d’État qui s’exerce, une punition collective. En trois ans, ce sont plus de 80 000 arbres, orangers, citronniers ou oliviers, qui ont ainsi été détruits. Cet apartheid qui ne dit pas son nom, nous le combattons de toutes nos forces. Mais nous pensons qu’une résistance populaire non-violente est bien plus efficace que l’impasse violente dans laquelle nos aînés se sont fourvoyés. Nos initiatives se veulent provocantes, mais pacifiques. En voici quelques-unes :

– Des militants désarmés se couchent sur les routes réservées aux colons. Les soldats appelés à la rescousse sont d’abord désemparés devant ces sit-in, ce qui laisse le temps aux journalistes des agences de la presse internationale de venir sur place pour en rendre compte.

– Un trou laisse passer la lumière, il permet de deviner l’autre côté, de deviner l’espoir, c’est un symbole d’avenir. Nous en creusons de minuscules dans le mur. Et bien que ces actions ne font qu’appliquer le droit international, nos militants sont emprisonnés sur-le-champ.

– Un groupe de militants, torse nu, le corps recouvert de peinture bleue tente de passer un check-point. Les médias accourent.

– Enfin, le 10 janvier dernier, nous avons construit entre 2 heures et 5 heures du matin une “colonie palestinienne” en pleine zone C sous contrôle israélien. En moins de trois heures, nous avons installé une cuisine, une bibliothèque, un village de tentes qui nous a permis d’y séjourner plusieurs jours le plus confortablement possible. Les soldats venus pour nous déloger, déconcertés, ne savaient plus à quel saint se vouer. Deux cents activistes sont donc restés là pendant plusieurs jours avant qu’on ne les expulse. “La porte du soleil", le nom de cette colonie éphémère, est devenu le titre d’un roman d’amour se déroulant pendant cette opération. Ce n’est qu’au bout de trois jours que la Cour de justice a publié un décret stipulant que ce campement constituait une “menace pour les colonies juives voisines”. L’évacuation, spectaculaire, s’est déroulée devant les caméras de la télévision. Mais dès que celles-ci ont quitté les lieux, une séance de tabassage en règle s’en est suivie. Elle n’a pris fin qu’à l’arrivée de trois cents autres militants. Vingt-cinq des nôtres ont été blessés. Nous nous appuyons sur la démocratie formelle qui régit encore – mais pour combien de temps – l’État d’Israël. Notre action



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