Un sort si noir et éternel by Brigid Kemmerer

Un sort si noir et éternel by Brigid Kemmerer

Auteur:Brigid Kemmerer [Kemmerer, Brigid]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Littérature, Adolescent
Éditeur: Rageot
Publié: 2021-09-08T00:00:00+00:00


29

HARPER

Le matin de notre départ pour Silvermoon, j’autorise enfin Freya à me coiffer. Elle m’apporte un thé et je n’ai pas le cœur de décliner sa proposition. Je ne cesse de penser aux remarques de Rhen, à la façon qu’elle a eue de me protéger. Dans ma volonté d’autonomie, je l’ai repoussée. Jusqu’à ce que j’apprenne qu’elle avait tenu tête à Grey, je n’avais pas compris que l’on pouvait être à la fois forte et docile.

Assise devant la coiffeuse dans la chambre d’Arabella, je laisse Freya brosser en silence mes boucles. Sa petite, emmaillotée dans un lange, dort dans la chambre d’à côté, mais je n’ai pas revu ses autres enfants. Freya a le teint frais et le regard brillant. Les vestiges de panique qui continuaient à imprégner ses traits depuis notre rencontre ont disparu. Hier, elle portait encore ses vêtements de l’auberge ; aujourd’hui, elle a revêtu une robe lavande avec corsage en dentelle et elle s’est fait deux tresses qu’elle a remontées sur le sommet de son crâne.

– Vous êtes vraiment jolie, lui dis-je.

Ses mains s’immobilisent et elle rougit.

– Merci, Lady Harper.

Elle s’incline brièvement avant de reprendre :

– Les vêtements que j’ai empruntés à Evalyn lorsque je logeais au Sanglier ne sont pas adaptés à la vie au palais. J’ai demandé au garde où les demoiselles d’honneur rangeaient leurs habits.

Elle se remet à me brosser les cheveux sans un mot. Je pensais qu’ils allaient être frisés et emmêlés, mais elle a utilisé le produit que contenait l’un des douze flacons sur la table pour redéfinir mes boucles. Le va-et-vient de la brosse m’apaise. Il me rappelle mon enfance. L’époque où ma mère me coiffait.

Sans prévenir, mes yeux se remplissent de larmes et je presse mes doigts sur mes joues. Freya s’arrête aussitôt.

– Oh ! Je vous ai fait mal ?

– Non.

J’ai du mal à reconnaître le son de ma propre voix.

– Non, je vais bien.

Mais ce n’est pas vrai. Je n’arrive pas à sécher mes larmes. Mes épaules sont soudain agitées de sanglots. Freya me prend la main. La sienne est chaude et puissante.

– Voulez-vous que je fasse quérir son altesse ?

– Non ! Non… je vais bien.

Le tremblement dans ma voix affirme le contraire. Elle pose son autre main sur mon épaule et la caresse avec douceur, se rapproche. Elle serre toujours ma main dans la sienne. Elle ne dit rien, cependant sa proximité est un réconfort que je n’ai pas connu depuis des jours. Je pense à chez moi, et je mesure soudain que je n’ai pas connu un réconfort comparable depuis des mois.

– Ma mère est mourante, lui dis-je.

Je suppose que ça ne fait pas partie du plan de Rhen, mais je ne peux pas continuer à pleurer autant si je ne veux pas me dissoudre dans mes larmes.

– Ma mère est mourante et je ne peux pas être là pour elle. Je n’arrête pas de me dire… qu’elle va mourir avant que j’aie l’occasion de lui faire mes adieux.

– Oh, milady…

Freya me serre dans ses bras et je sanglote dans ses jupes comme une enfant.



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