Un pas de trop by Karine Vitelli

Auteur:Karine Vitelli [Vitelli, Karine]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Romance
ISBN: 9791096785742
Publié: 2017-09-22T22:00:00+00:00

24

J’attaquai la semaine de bonne humeur. Certes, mon fils me manquait et la séparation m’avait ébranlée, mais je regardais en avant plutôt qu’en arrière. D’ici quinze jours, il serait à mes côtés.

Je téléphonai à mon avocat pour lui demander de saisir le juge des affaires familiales. Il approuva et me préviendra dès qu’il aura du nouveau. Avec Matt, notre relation s’améliorait. Il m’avait prouvé son amitié à maintes reprises ce week-end et bien qu’il détienne la clef de mon jardin secret, je l’appréciais beaucoup. Je n’expliquais toujours pas les sensations que j’éprouvais lorsqu’il était à mes côtés, je mettais ces émotions sur mon manque de tendresse et de sexe. Oui. Ça devait être ça. Rien de plus. Juste mon corps qui me communiquait son désarroi.

En fin de matinée, je me surpris à parler à Inès. Lorsqu’elle me vit arriver, elle me souhaita un bon appétit.

— Merci Inès, mais ce midi je n’ai pas envie de manger dans ma voiture. Ça te dirait de m’emmener au snack dont tu m’as parlé la dernière fois ?

Son visage s’éclaira. Elle tapa des mains, ravie que j’accepte enfin de sortir de mon quatre roues pour déjeuner. Sa bonne humeur était communicative. Elle dégageait un punch incroyable. Les couleurs qu’elle portait réchauffaient la pièce où elle se trouvait. Aujourd’hui, elle était habillée d’une robe trapèze violette au décolleté plongeant et ses poignets affichaient de gros bracelets fuchsia, ses ongles étaient multicolores et un turban jaune retenait ses boucles.

— Yep, ma belle ! bien sûr que je t’accompagne. Laisse-moi prendre mon sac et on y va.

Dix minutes plus tard, nous étions assises au snack à quelques rues du magasin. Je reconnus certains clients, des employés du Matty.

— Alors ma belle, tu arrives à gérer le regard des autres ? me demanda-t-elle, naturellement.

— Mais j’ai toujours géré, mentis-je en croquant une frite.

— Mais bien sûr ! Tu le fais à d’autres, mais pas à moi ! Tu te caches dans ta voiture à la pause déjeuner, tu mets une tonne de fond de teint, tu rabats toujours tes cheveux sur ta joue abîmée et tu t’habilles comme si tu affrontais une tempête de neige. Alors oui ! Je confirme ! Tu ne gères pas du tout le regard des autres !

Je la regardai, perplexe. Ce bout de femme était d’une franchise décoiffante et d’une observation sans faille - à moins que je fusse mauvaise comédienne. Elle but à la paille son soda sans aucune délicatesse. D’un mouvement du menton, elle désigna mon cou.

— Je vois que tu as d’autres cicatrices. Ton bouton a lâché.

Je portais aussitôt mes mains sur mon buste. Mon bouton n’avait pas lâché, mais j’avais oublié de l’attacher. Mes efforts du week-end commençaient à payer, je m’attardais moins sur mon aspect physique.

— Ah ! Tu vois ! renchérit-elle en me pointant du doigt alors que je reboutonnais le haut de mon chemisier. Ton geste confirme mes propos.

Je grimaçai et but discrètement mon soda. Je la regardai de biais alors qu’elle m’observait avec un large sourire.

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