Un ennemi si proche by Michelle Smart

Auteur:Michelle Smart
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fiction, Romance, Contemporary

8

Andreas attendait Carrie au pied de l’immeuble où elle travaillait. Lorsqu’il aperçut l’élégante silhouette franchir les portes tournantes, il lui fit un signe de la main. Elle rougit en croisant son regard et remit en place une mèche de cheveux qui s’était échappée de son chignon, avant de lisser son long manteau crème.

— Quelle agréable surprise, dit-elle en arrivant près de lui, d’une voix suffisamment forte pour que ses collègues, qui se hâtaient vers la station de métro voisine, puissent l’entendre.

Andreas était resté adossé à sa Bentley noire pendant près de vingt minutes, attisant la curiosité des occupants du bâtiment.

— J’ai pensé à toi toute la journée, souffla-t-il à l’oreille de Carrie, heureux de voir ses yeux briller à cet aveu.

Il avait à nouveau rêvé d’elle puis, des heures durant, n’avait songé qu’à leurs retrouvailles. En fait, le temps lui avait paru long jusqu’à leur rendez-vous. Cette fébrilité était certainement due à son impatience de lancer la rumeur de leur relation amoureuse. Certes, il désirait Carrie mais, plus que tout, il voulait préserver son entreprise.

— Je me demandais si je pouvais t’inviter à dîner ? ajouta-t-il d’une voix claire, afin d’être entendu des passants.

Elle détourna le regard.

— C’est une bonne idée…

— Parfait. Puis-je te raccompagner en voiture ?

— Si cela ne te dérange pas trop.

— Pas du tout, assura-t-il en souriant.

Il communiqua son adresse au chauffeur, puis il lui tint la portière ouverte, avant de s’installer dans la voiture à son côté.

À peine la portière fut-elle refermée sur eux que Carrie changea d’attitude. Elle se tenait droite à présent, genoux serrés et mains nouées sur les genoux.

— Ce doit être difficile pour toi de parler poliment plutôt que d’aboyer des ordres, fit-elle remarquer comme la voiture s’engageait dans la circulation.

— Un cauchemar, confirma-t-il. J’ai l’habitude qu’on m’obéisse au doigt et à l’œil. Comment s’est passée ta journée ?

Elle reposa sa tête sur le siège en cuir et ferma les yeux.

— Le comité de rédaction s’est réuni pour discuter de toi. J’ai raconté à mes collègues que je n’avais rien trouvé de compromettant à ton sujet et que mon indicateur s’était rétracté quand je l’avais recontacté pour avoir davantage de précisions.

— Et cela leur a semblé plausible ?

Il l’observait de près, cherchant à savoir si elle mentait.

— Il nous arrive de faire machine arrière quand une enquête piétine. Nous ne sommes pas un journal à scandale, nous traitons de sujets sensibles qui sont souvent d’intérêt national. Si un journaliste fait erreur, il doit être prêt à le reconnaître.

— Voudront-ils vérifier tes sources ?

Elle secoua la tête.

— Nos sources sont sacrées. Nous ne révélons jamais l’identité de nos informateurs, sauf accord de leur part.

Carrie effectua de légères rotations de la tête dans l’espoir d’apaiser les crispations de son cou. Ses collègues avaient pris son histoire pour argent comptant — l’intuition d’Andreas s’était révélée juste — , mais un sentiment de culpabilité s’était peu à peu propagé en elle.

À la pensée des mensonges éhontés qu’elle avait servis à ses collègues ces dernières semaines, elle en était malade.

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