Psychotropes : l'enquête by Guy Hugnet

Psychotropes : l'enquête by Guy Hugnet

Auteur:Guy Hugnet
La langue: fra
Format: mobi
Éditeur: L'Archipel
Publié: 2016-04-19T16:00:00+00:00


Sujet hautement sensible que la question de l’utilisation des antidépresseurs chez les jeunes! Pendant longtemps, une véritable cacophonie a régné sur ce point. Ainsi, en France, l’Agence du médicament préconisait l’utilisation de certains d’entre eux à partir de 15 ans, d’autres étant interdits avant 18 ans. Personne n’y comprenait rien. Résultat: chaque médecin faisait sa cuisine dans son coin. Jusqu’au tsunami de 2003.

À cette date, le laboratoire Glaxo, fabricant du Deroxat, demande aux autorités de santé anglaises un agrément autorisant la prescription de son traitement chez les jeunes. C’est déjà le cas mais... officieusement. En effet, forts de leurs succès chez les adultes, les industriels ne se sont pas privés de pousser les médecins à la consommation chez les enfants et ados. Une niche commerciale juteuse qui, pour beaucoup d’entre eux, reste néanmoins hors la loi. Glaxo veut l’officialiser.

À cette fin, la multinationale présente à l’Agence anglaise deux études qui démontrent l’efficacité et la sécurité d’emploi du Deroxat chez les moins de 18 ans. Une simple formalité, se dit Glaxo, qui entend bien obtenir ainsi un passeport pour l’Europe entière. Bien mal lui en prend. Car les experts anglais ont du mal à digérer le beau gâteau offert par le géant pharmaceutique. Intrigués par quelques irrégularités, ils enquêtent. Et découvrent que l’industriel leur a dissimulé trois autres études qui non seulement ne démontrent aucune efficacité du Deroxat chez les jeunes, mais attestent surtout d’une augmentation des pensées et des pulsions suicidaires, ainsi que des comportements hostiles ou violents.

Énorme scandale qui vaut à la firme de subir les foudres de la presse mondiale et de la communauté médicale et scientifique. En France, Le Monde, Le Figaro, Libération, notamment, font leur gros titre sur la tricherie. The Lancet, revue scientifique majeure, se dit abasourdi par de telles pratiques. La revue exprime le traumatisme vécu par des parents dont l’enfant s’est suicidé. « Qu’un tel événement puisse être précipité par un médicament supposé être bénéfique est une catastrophe. Et l’idée que l’utilisation de ce médicament ait été basée sur la sélection d’articles uniquement favorables paraît inimaginable. » L’image de l’industrie pharmaceutique, déjà fortement dégradée, en prend un sacré coup.

La publication dans le New York Times d’une note interne à la firme ne va pas arranger les choses. Un collaborateur de Glaxo y conseille ni plus ni moins de réaménager les faibles résultats des études menées avec le Deroxat chez les jeunes afin de minimiser l’impact commercial négatif. En juin 2004, Eliot Spitzer, le procureur de New York, entame contre la compagnie des poursuites judiciaires pour « fraude persistante et répétée». Le magistrat accuse le groupe d’avoir dissimulé aux médecins des informations négatives sur son médicament. Interrogé, Jean-Pierre Garnier, le président de la multinationale, nie avoir cherché à dissimuler des études. La note interne? Il n’en conteste pas le contenu, mais comment contrôler les millions de mémos qui circulent dans une firme de 110000 employés? « Bien entendu, nous n’avons pas suivi ce conseil [celui de la note] qui était stupide, de même que nous n’avons pas publié de façon sélective nos études.



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