Plus douce est la vengeance by Marjorie Levasseur

Auteur:Marjorie Levasseur [Levasseur, Marjorie]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Roman psychologique, Suspense, Drame, Policier, Littérature française
ISBN: 9782491075026
Google: FFqvDwAAQBAJ
Éditeur: BoD
Publié: 2019-09-13T07:00:00+00:00

— Chapitre 17 —

Tanguy

Nadège tournait autour de moi comme une guêpe à proximité d’un pot de miel. Elle m’avait aidé à m’installer sur l’immense canapé en cuir du salon et ne cessait de s’affairer, retapant un coussin pour m’assurer plus de confort, m’apportant des magazines, la télécommande. Je devinais qu’elle était mal à l’aise, mais avait à cœur de bien faire le travail pour lequel elle avait été engagée. Je l’observai discrètement. Elle était plutôt jolie et son sourire, quand elle se laissait aller à être plus spontanée, était vraiment adorable. Bon, je savais bien que nos rapports devaient rester strictement professionnels, mais j’avais quand même bien le droit d’apprécier ce que j’avais devant les yeux, non ? Et puis sincèrement, vu l’état physique dans lequel je me trouvais, j’aurais été bien en peine de tenter un quelconque rapprochement. De toute façon, je n’étais pas quelqu’un de fréquentable, il était préférable que je garde mes distances avec elle. Mais ça ne m’empêchait pas de faire la conversation pour essayer de connaître un peu mieux celle qui me prêtait assistance.

— Vous ne voulez pas vous asseoir cinq minutes ?

Elle me fixa de ses grands yeux couleur caramel.

— Vous me donnez le tournis à bouger comme ça. Posez-vous un peu, vous avez le droit de faire un break de temps en temps, plaisantai-je.

La voyant hésiter, j’ajoutai en lui souriant :

— Promis, Sylvain n’en apprendra jamais rien…

Semblant d’un coup se détendre, elle répondit à mon sourire et vint prendre place à mes côtés sur le canapé. Seules mes jambes immobilisées nous séparaient.

— Je peux vous demander votre âge ? Je sais que ce n’est pas très courtois, mais bon je me dis que vous êtes suffisamment jeune pour ne pas vous en offusquer.

Elle éclata d’un rire franc.

— Effectivement. J’ai vingt et un ans.

C’est bien ce qu’il m’avait semblé. Nadège était particulièrement jeune pour faire ce genre de travail. Je lui fis part de mon interrogation et elle m’avoua être étudiante. Ce boulot d’aide à la personne lui permettait d’arrondir ses fins de mois jusqu’à la rentrée universitaire qui aurait lieu mi-octobre.

— Et comment Sylvain…

— Il est tombé sur une petite annonce que j’avais mise dans le journal, me coupa-t-elle.

C’était étrange cette façon d’anticiper ma question et d’y répondre avant que je n’aie fini de la poser. On aurait dit qu’elle avait déjà préparé son discours à l’avance… ou alors j’étais définitivement trop prévisible !

— Qu’est-ce qu’il vous a dit sur moi exactement ?

C’était plus fort que moi, il fallait que je sache si mon hôte s’était limité à parler de ma chute ou s’il avait évoqué avec Nadège mon accident, mon alcoolisme et mon potentiel séjour en prison à venir. Elle fronça les sourcils, comme si elle ne comprenait pas où je voulais en venir, mais répondit néanmoins.

— Eh bien, il m’a dit que vous aviez eu un accident qui vous avait laissé immobilisé dans un fauteuil pour un temps indéterminé, et que vous aviez besoin d’aide pour les actes de la vie quotidienne… Y a-t-il quelque chose de plus qu’il aurait dû m’apprendre ?

Non, rien du tout.

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