Aimer, c'est prendre le risque de la surprise by Cécile Guéret

Aimer, c'est prendre le risque de la surprise by Cécile Guéret

Auteur:Cécile Guéret [Guéret, Cécile]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Essai, Développement personnel
ISBN: 9782226449931
Éditeur: Albin Michel
Publié: 2020-01-01T23:00:00+00:00


être soi n’est jamais totalement acquis, jamais assuré, jamais vraiment là. C’est un pays lointain, celui des origines, puis de l’assimilation progressive des expériences dans lesquelles nous nous sommes engagés et auxquelles nous ne pouvons donner un sens que dans l’après-coup. Être soi est notre horizon, celui d’où nous venons et vers lequel nous nous dirigeons, que nous connaissons intimement mais dont nous ne sommes jamais sûrs d’avoir franchi la frontière. C’est un passé remémoré, remanié, remodelé. Un présent insaisissable. Un avenir inattendu. Être soi n’est pas quelque chose qui se conquiert, que nous pourrions serrer précieusement au creux de la main, mettre dans une cage ou dans un coffre-fort. Pas de « c’est bon, je l’ai, je suis moi ! » possible. Être soi est en devenir, en inachevé, création infinie et perpétuelle gageure. C’est rester soi, tout en se découvrant un peu autre à chaque instant. Devenir autre, tout en restant soi-même. Si nous la regardons du côté du mouvement, du changement, du processuel, la question n’est donc pas « qui suis-je ? » mais « qui suis-je en train de devenir en ce moment, dans cette situation ? », explique Jacques Blaize. Qui ajoute malicieusement : « Quand on me le demande, si je suis cohérent, je suis amené à donner une réponse différente à chaque fois116 ! » Et il n’y a qu’à la toute fin, au moment même de notre mort, que nous pourrons peut-être savoir qui nous avons été.

C’est donc au fur et à mesure des contacts avec l’environnement (nos interactions, l’air que nous respirons, l’eau dans laquelle nous nous baignons) que la différenciation et la perception de soi comme individu s’opèrent. C’est la manière dont nous nous approprions, d’instant en instant, qui nous devenons. Du latin ex-sistere « sortir de, se manifester, se montrer117 », « le terme d’existence renvoie donc à un mouvement, à un avant de soi, comme une fuite en avant dont la marche pourrait être l’image, puisque la marche est la recherche d’un équilibre perdu dans un déplacement du corps vers l’avant118 », souligne Patrick Colin. D’un côté, la continuité d’une identité familière, l’assurance de qui nous sommes et que nous allons survivre à ce vertige ; de l’autre, l’impermanence, la nouveauté, la surprise et l’étrangeté du soi en devenir. Et, d’un pas à l’autre, le processus de devenir soi, work in progress.

Dans les moments de doute cependant, cette irrésolution de notre identité peut devenir instabilité, fragilité, confusion, angoisse. Un vacillement parfois insupportable qui peut nous plonger dans un abîme d’incertitude. La rencontre amoureuse, qui allie les idéaux contradictoires d’épiphanie de soi et de fusion avec l’autre, peut ainsi être terriblement angoissante. Sous le regard de l’autre, trop de nouveauté, de surprise, peut en effet nous confronter à la peur de perdre pied ou au sentiment de ne pas exister. Car si toute relation nous affecte, nous altère, nous rend un petit peu différents, un petit peu « autres » à nous-mêmes, l’amour est bien « cette délicieuse émotion



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