Petite virée mortelle entre amis éternels by Caine Rachel

Auteur:Caine, Rachel [Caine, Rachel]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantasy
Éditeur: Black Moon
Publié: 2013-10-22T22:00:00+00:00

Si Eve conservait le silence, Claire avait l’impression qu’un voile d’électricité statique l’enveloppait. Et ça ne risquait pas de changer de sitôt. Eve entretenait sans doute sa rage pour éviter d’avoir peur – ce qui n’était pas idiot. La peur ne les avancerait pas à grand-chose. Elle n’avait pas avancé Casquette orange, Boule de nerfs et les cinq autres personnes ligotées et bâillonnées, qui attendaient qu’un vampire ait un petit creux.

Elle avait vu comment ils procédaient. Jacob Goldman avait mis un garrot à l’un des prisonniers et avait rempli une dizaine de tubes avec son sang. Ses gestes étaient précis. Theo, son père, était médecin, il avait dû lui apprendre. Claire se fit la réflexion qu’il y avait sans doute un avantage à se voir prélever du sang par un vampire : aucune chance qu’il ne loupe une veine et soit contraint de recommencer.

Jacob n’avait pas semblé très à l’aise et il avait même tapoté la victime sur l’épaule, après l’opération. Au point que Claire n’aurait pas été surprise s’il lui avait tendu une sucette.

— Dis-moi que je suis en train de rêver, murmura soudain Eve. Oui, dis-moi que je suis en plein cauchemar. Où est Oliver, purée ? Je croyais qu’il était censé nous escorter !

Claire n’était pas en mesure de rassurer son amie. D’autant moins qu’elle se sentait gagner, à son tour, par le découragement. Michael ne volait pas à leur secours. Oliver non plus. C’était forcément mauvais signe. Oliver pouvait supporter, momentanément, le soleil. Elle l’avait bien vu devant le bureau du shérif avant l’entrée théâtrale de Morley. Pourquoi ne venait-il pas les sauver, alors ?

« Parce que vous n’avez aucune valeur pour lui, lui souffla sa petite voix intérieure, la traîtresse. Parce que tu n’es qu’une humaine. Un casse-croûte sur pattes. » Non, ce n’était pas la vérité. Même Oliver les avait traités non pas avec amabilité mais avec une forme de respect. Peut-être même éprouvait-il de l’affection pour Eve. Il ne resterait jamais les bras croisés alors qu’ils couraient un danger. « À moins de penser que la bataille est perdue d’avance », riposta la petite voix. Face à un tel argument, Claire se sentit réduite au silence. Oliver n’avait pas l’habitude de se sacrifier, pour qui que ce soit. Sauf peut-être – peut-être seulement – pour Amelie.

Michael, en revanche, n’hésiterait pas. Et il serait intervenu à moins que quelque chose l’en ait empêché. Quelque chose ou quelqu’un. Claire se racla la gorge.

— Jacob ? Je peux te poser une question ?

Il glissa les fioles de sang dans une poche de sa veste puis s’approcha. Sa démarche souple et gracieuse s’adaptait aux cahots de la route, sans qu’il ait besoin, contrairement aux humains, de se retenir aux appuie-tête. Il s’accroupit à côté de Claire pour pouvoir la regarder droit dans les yeux.

— Je suis vraiment désolé, s’empressa-t-il de dire. Ce n’était pas ce qui était prévu. Nous n’avons jamais réussi à atteindre la banque du sang ou la collecte-mobile, elles étaient trop bien gardées. On a dû faire un choix.

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