Pedro by Pedro Martinez

Pedro by Pedro Martinez

Auteur:Pedro Martinez
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Éditions Hurtubise
Publié: 2016-03-13T16:00:00+00:00


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Lancer est un art

Comme lanceur partant, la préparation en vue de mon prochain départ commençait avec la fin de ma dernière sortie. Je m’accordais quelques jours de repos au cours desquels je n’effectuais aucun lancer mais seulement de la course à pied.

Sur le tapis roulant installé dans la salle d’exercice au Fenway Park, je courais au rythme de musique dominicaine et en regardant des vidéos d’autres lanceurs suggérées par notre responsable Billy Broadbent. Je me concentrais surtout sur ce qui fonctionnait pour le lanceur et non sur ce qui ne fonctionnait pas pour le frappeur. J’étu­diais surtout des vidéos de lanceurs dont le style s’apparentait au mien et qui lançaient avec puissance, tels Tim Hudson, Johan Santana et Roger Clemens, analysant la façon dont ils avaient affronté l’équipe qui serait notre prochain adversaire.

Peu importe qu’il s’agisse d’un frappeur droitier ou gaucher, c’était toujours une question de rapidité. Pouvait-il frapper ma rapide? Si l’élan du frappeur était lent contre la rapide d’un de ces lanceurs, son élan serait aussi lent contre la mienne. Mes balles cassantes étaient supérieures à celles de Roger, mais lorsque sa balle fronde fonctionnait, elle était dévastatrice. Nos rapides se valaient. J’analysais la façon dont Roger s’y prenait pour déjouer les frappeurs. Si c’était avec sa balle fronde, alors j’allais utiliser mes balles cassantes. Plus le match que je visionnais était récent, mieux c’était pour moi.

C’est ainsi que je pouvais identifier les tendances des frappeurs, quels étaient les lancers qu’ils anticipaient, s’ils en attendaient un en particulier pour s’élancer, quelle était la trajectoire de leurs élans. Tout cela s’emmagasinait dans ma mémoire.

Lors de mes séances dans l’enclos, je cherchais surtout, comme on me l’avait enseigné, à corriger mes faiblesses et non à travailler sur mes points forts. Si, lors de mon départ précédant, j’avais éprouvé de la difficulté à maîtriser mes balles cassantes, je voulais corriger ce qui avait fait défaut. Habituellement, je savais pourquoi j’allais rater la cible dès que la balle quittait mes doigts. Donc, durant ma séance dans l’enclos il importait de trouver la solution à ce problème.

La journée d’un départ, j’étais impatient tellement j’avais hâte de grimper sur la butte. Donc, je me concentrais sur les fleurs, mon premier amour, pour oublier l’horloge. À Montréal, je marchais jusqu’à la rue Crescent pour manger à midi sur une terrasse bordée de roses et d’autres fleurs. En plein soleil, je contemplais les fleurs. En banlieue de Boston, dans le quartier Jamaica Plain, j’avais aménagé une terrasse fleurie sur le balcon de mon appartement. Et lorsque j’étais avec les Mets, j’habitais à Westchester et j’avais un jardin à l’arrière de ma maison. Le matin ou en début d’après-midi, je pouvais m’y évader en prenant soin de mes fleurs, les empotant, enlevant les mauvaises herbes, jusqu’au moment où je devais me rendre au stade.

En arrivant au Fenway Park, je m’installais avec Jason pour préparer notre plan d’attaque pour le match. Sachant que Jason était intelligent, connaissant tous les efforts qu’il avait déployés pour peaufiner son art, ce qui m’importait le plus c’était de l’écouter, car j’apprenais beaucoup avec lui.



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