de la Chine by Dictionnaire

de la Chine by Dictionnaire

Auteur:Dictionnaire [Dictionnaire]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: Plon
Publié: 2013-12-26T23:00:00+00:00


Lettré (Le paradoxe du)

Il y a, en réalité, deux sortes de lettrés, aux antipodes l’une de l’autre : le lettré « classique », d’obédience confucéenne, gardien des lettres et de l’ordre établi ; le lettré « fou », d’obédience taoïste, au comportement marginal mais bien plus créatif que le premier.

Pour Confucius, le « lettré » (shi) est celui « qui sait parce qu’il a appris ». Il est capable d’administrer et de commander à l’inférieur ; surtout, il obéit à son supérieur. Il connaît les rites et les traditions sur le bout des doigts. Il est le seul à pouvoir manier les idées, alors que les « trois autres catégories du peuple », les paysans, les marchands et les artisans, sont confinées à des tâches précises. Sa capacité professionnelle se double d’un idéal éthique. Comme tout fonctionnaire, il jouit de la parcelle de pouvoir qui lui est dévolue et doit s’en contenter. À ce titre, il est un rouage essentiel de la grande pyramide sociale au sommet de laquelle on trouve le Fils du Ciel. Le « lettré sage » est un fonctionnaire modèle qui défend, comme on le lui a appris, l’ordre établi. Il a lu les textes anciens et, plus généralement, tout ce qui a été écrit par ses prédécesseurs. Il perpétue ce qui lui a été transmis sans rien y changer, comme les professeurs de la fameuse académie Jixia du Qi, fréquentée en son temps par Xunzi, l’enseignaient déjà aux apprentis lettrés qui venaient s’y former, vers 350 avant notre ère. Les lettrés qui voulaient faire carrière et monter dans la hiérarchie mandarinale ne devaient jamais se poser la moindre question. Ils devaient se conformer strictement au moule dans lequel ils étaient rentrés. Il n’était pas convenable d’exprimer une opinion personnelle si elle divergeait un tant soit peu de la doxa à laquelle il leur fallait adhérer. Cette contrainte était encore plus forte pendant les périodes où régnaient des empereurs particulièrement autoritaires qui ne toléraient pas le moindre écart de la part des lettrés fonctionnaires chargés d’exécuter leur politique. Les scribes, les juristes, les peintres-calligraphes et, d’une façon générale, tous les technocrates de haut rang étaient privés de liberté de penser. Il arrivait pourtant à certains « lettrés sages » de faire dissidence après un revers de carrière ou de fortune (les coups bas étaient la règle entre ceux qui faisaient carrière), voire parce qu’ils étaient lassés de se mentir à eux-mêmes. Le jour où la disgrâce s’abattait, ils perdaient tout de leur condition et de leur statut de « lettrés sages ». Alors, et sous réserve d’en avoir les capacités intellectuelles et surtout le courage, il ne leur restait plus qu’à se retirer à la campagne. Les plus doués mettaient leur savoir littéraire et calligraphique au service de leur propre pensée et de leurs aspirations intimes. La plupart des grands peintres chinois commencèrent par faire retraite hors des villes pour se consacrer pleinement à leur art. Leur retrait du monde ne les empêchait pas d’être reconnus comme tels par les grands collectionneurs qui s’arrachaient leurs œuvres.



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