ogai mori by OIE SAUVAGE

ogai mori by OIE SAUVAGE

Auteur:OIE SAUVAGE [SAUVAGE , OIE]
La langue: fra
Format: epub
Publié: 2012-09-21T14:46:18+00:00


XV

Chez Matsuzô, l'ambiance se faisait progressivement plus sombre et plus lourde. De temps en temps Otsuné se mettait à regarder distraitement le ciel sans pouvoir se mettre au travail. En de tels moments, elle ne pouvait même plus s'occuper des enfants : s'ils lui demandaient quoi que ce fût, elle les rabrouait brutalement. Après les avoir grondés, elle prenait conscience de ce qu'elle avait fait, et tantôt elle s'excusait auprès d'eux, tantôt elle se mettait à pleurer toute seule. Et lorsque la bonne lui demandait ce qu'il fallait préparer pour le repas, il lui arrivait même parfois de ne pas répondre ou de dire : « Fais comme tu veux ». Les enfants de Matsuzô étaient tenus à l'écart par leurs camarades sous prétexte qu'ils étaient les enfants d'un usurier, mais comme Matsuzô aimait la propreté et avait à cœur que sa femme en prit soin, ils étaient jusque-là remarquablement bien tenus, mais maintenant, il leur arrivait de jouer dans la rue, la tête pleine de saleté et les vêtements décousus par endroits. La bonne déplorait que sa maîtresse fût dans cet état, mais, tout comme un cheval monté par un maladroit devient paresseux et s'attarde à brouter l'herbe du chemin, elle faisait tout avec négligence, laissait le poisson pourrir dans le garde-manger et les légumes se dessécher.

Matsuzô, qui aimait voir sa maison bien tenue, souffrait de ce désordre. Mais comme il en connaissait l'origine et savait que c'était de sa faute, il n'osait pas protester. En outre d'ordinaire, pour faire des reproches il se faisait un point d'honneur de parler sur un ton léger, comme s'il s'agissait d'une plaisanterie, afin de faire réfléchir le coupable sur ses propres actes, mais qu'il tournât les choses en plaisanterie ne semblait que davantage encore froisser sa femme.

Sans rien dire, il commença à l'observer, et ce qu'il découvrit le surprit : l'étrange comportement d'Otsuné était à son comble lorsque son mari était à la maison, tandis que, s'il était absent, le plus souvent elle travaillait comme si elle eût été assez bien éveillée. Lorsqu'il apprit ces changements d'humeur par ce que racontaient les enfants et la bonne, il s'étonna tout d'abord, puis dans son cerveau subtil germèrent diverses réflexions. « Comme j'ai fait quelque chose qui lui déplaît, quand elle me voit, ça lui fait remonter sa maladie de ces derniers jours, ça doit être ça ! Je fais des efforts pour lui faire croire que son mari s'intéresse à elle, pour ne pas lui faire sentir que je la tiens à l'écart, mais si son humeur est encore plus mauvaise quand je reste à la maison, c'est exactement comme si je lui faisais prendre des remèdes pour aggraver son mal. Il n'y a rien de plus stupide ! Désormais, pour voir, je vais essayer de faire le contraire », pensa-t-il.

Il commença donc tantôt à quitter la maison plus tôt que d'habitude, tantôt à rentrer plus tard qu'à l'ordinaire. Mais les résultats furent très mauvais. Lorsqu'il partait plus tôt, sa femme, au début, se contentait de le regarder sans rien dire.



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